<459> cour de Russie, sentant l'importance de la cour de Vienne contre les lois et libertés germaniques, s'est offerte d'elle-même de me donner tous les secours, qui ne seraient que plus considérables en cas que la paix avec les Turcs puisse continuer. Mes lettres de Constantinople me font espérer aussi que, pour cette fois-ci, les Turcs ne rompront pas la paix avec la Russie. Ainsi, mon très-cher frère, vous verrez que, sitôt que nous serons sûrs de la continuation de cette paix, nos affaires ne seront pas dans une aussi mauvaise situation, et que, d'autre part, la cour de Vienne pourra se repentir de la conduite injuste, tyrannique et précipitée à laquelle elle s'est abandonnée avec l'électeur de Bavière. Je suis, etc.

288. AU MÊME.

Le 6 février 1778.



Mon très-cher frère,

Le premier usage que je fais de ma main convalescente est de vous remercier de la lettre de l'impératrice de Russie que vous avez la bonté de me communiquer. Toutes les apparences annoncent à présent que les troubles avec les Turcs paraissent se pacifier. Jamais conduite n'a été moins mesurée que celle de la cour de Vienne. Il n'y a qu'un cri dans l'Empire contre elle. Tout paraît annoncer que l'Électeur palatin chantera la palinodie, et se retournera vers nous. Pour ce qui regarde la France, vu sa mollesse, sa lâcheté et la reine autrichienne qui s'y trouve, tout ce que nous pouvons obtenir d'elle sera un traité de neutralité, dont il faudra se contenter, faute de mieux. Dans peu de jours mon courrier reviendra de Paris, et vous