<426> puissances se joindraient, soit l'une, soit l'autre, et une pareille alliance imposerait assez à la cour de Vienne pour la faire désister de ses projets. On me mande que l'électrice de Saxe veut absolument venir ici, ce qui me donnera lieu, mon cher frère, de m'étendre encore davantage sur ce sujet.

258. AU MÊME.

(Fin de novembre 1775.)



Mon très-cher frère,

Me voici sorti de mon quatorzième accès,a et j'espère à présent d'avoir défilé le chapelet des maux qui m'étaient échus en partage. Je prendrai toutes les précautions pour prévenir de nouvelles rechutes. Les Muzelliusb et les médecins de sa sorte sont trop grands seigneurs pour moi; ces esculapes ont une multitude de malades à Berlin, auxquels ils se doivent, et qui périraient, s'ils ne voyaient tous les jours l'oracle de la vie et de la mort dans leur chambre. Pour moi, mon cher frère, je me traite par un grand régime, et dans quelques jours je prendrai du quinquina pour redonner quelques forces à mes nerfs épuisés et à demi perclus. Je ferai ce que je pourrai pour me remettre un peu vers le 10 du mois prochain, pour être en état de vous recevoir, mon cher frère, hors du lit. Mais ce n'est que trop parler de ma chétive carcasse. Heureusement je n'ai guère de nouvelles à vous marquer. Voici le bulletin de France, qui annonce beau-


a Voyez t. XXIII, p. 405.

b Le docteur Frédéric-Hermann-Louis Muzell, conseiller intime, mourut à Berlin le 7 décembre 1784.