<360> tournure heureuse pour lui; la France a toujours maintenu son parti dans ce royaume depuis l'époque de Gustave-Adolphe; actuellement ils ont entièrement le dessus. C'est une prospérité à laquelle ma sœur n'est pas habituée; je crains avec vous, mon très-cher frère, qu'elle ne se laisse emporter par la fortune. Il est très-difficile de savoir s'arrêter lorsqu'elle est favorable; c'est peut-être un des plus grands efforts de l'esprit humain, lorsqu'on sait se contenir dans le bonheur. J'espère que ma sœur aura cet empire sur elle; mais je le souhaite plus que je n'ose le croire.

Vous ne vous intéressez guère, mon très-cher frère, au chef que l'Église vient de nommer. C'est un pauvre moine, à ce qu'on dit; on prétend que son esprit est très-borné. Le Saint-Esprit l'éclairera sans doute; il faudra en juger par la conduite qu'il tiendra à l'égard des volontés des couronnes, et s'il aura la complaisance d'abolir l'ordre des jésuites. Je l'espère, car cela pourrait peut-être les conduire à souhaiter un établissement dans vos États, et à y faire couler une partie de leur richesse.

Comme je ne puis autre chose que souhaiter pour le bonheur de votre règne, il faut donc m'y borner; du moins je le fais du fond du cœur, m'intéressant à votre gloire par le sentiment rempli du plus tendre attachement avec lequel je suis, etc.

199. AU PRINCE HENRI.

Ce 19 (juin 1769).



Mon cher frère,

Comme je prends les eaux à présent, vous ne vous étonnerez pas si ma lettre est plus laconique que d'ordinaire. Je me hâte, mon cher