<351> grand œuvre en fait de militaire. Pour moi, mon cher frère, j'y renonce, et je borne tous mes soins à donner par la routine aux officiers l'intelligence et la fermeté dans tous les mouvements que les troupes peuvent exécuter contre l'ennemi, pour qu'on soit sûr de l'exécution, s'il est nécessaire de les employer dans le sérieux. Dans l'espérance de vous revoir bientôt, je vous prie de me croire avec la plus parfaite tendresse, etc.

191. AU MÊME.

(27 ou 28 mai 1767.)



Mon cher frère,

J'ai reçu votre triste lettre,a et vous remercie de tout mon cœur de la part que vous prenez à mon affliction. Cette nouvelle est venue me frapper comme un coup de foudre. J'ai aimé cet enfantb comme mon propre fils. L'État y fait une grande perte. Mes regrets sont superflus. Dieu ne peut pas faire que ce qui est n'ait pas été.c Nous l'avons perdu pour toujours; mes espérances s'évanouissent avec lui. Voilà ce que c'est de vivre; on n'y gagne que la douleur d'enterrer ses plus chers parents. Je vous embrasse, mon cher frère. Veuille le ciel que ce soit le dernier auquel je rende ce funeste devoir!d Je suis, etc.


a Datée de Berlin, 27 mai 1767.

b Le jeune prince Henri, mort le 26 mai. Voyez t. VII, p. 11, 43-56, et ci-dessus, p. 317 et 318.

c Voyez t. XII, p. 115; t. XXIII, p. 331; t. XXV, p. 54; et ci-dessus, p. 62.

d Il semble que le Roi ait pleuré en écrivant les dernières lignes de cette lettre, et que l'écriture encore fraîche de quelques mots ait été mouillée de ses larmes.