<328>celier Woronzow, qui se réfugie en Italie, n'en ressentira pas les effets; il arriva à Berlin le même soir que vous en êtes parti.a Les femmes de Berlin parlent beaucoup de sa fille; sa beauté a été célébrée avant son arrivée, et elles craignent avec raison qu'une étrangère n'ait plus d'appas qu'aucune d'elles. Il faut avouer que l'ambition se glisse partout, et embrasse tous les objets. Celle d'une femme est d'être belle et de plaire; ce privilége ne leur est cependant accordé que par la nature, et lorsqu'il leur manque, elles ont recours à l'artifice, et c'est le blanc et le rouge. Les hommes ont cet avantage d'avoir des objets plus nobles de leur ambition. Quant à moi, j'aurai toujours celle d'être empressé à vous témoigner les tendres sentiments et le respect avec lesquels je suis, etc.

167. AU PRINCE HENRI.

Potsdam, 5 octobre 1763.



Mon cher frère,

Je serais charmé si le séjour que vous avez fait ici ne vous eût point ennuyé; je n'ai cependant pu vous procurer aucun divertissement, car la vie que je mène est bien simple et unie. Je prends la liberté de vous envoyer quelques fruits; je souhaite qu'ils vous fassent plaisir. J'ai ici mes deux neveux, dont je suis enchanté. Non, on n'élève pas mieux les jeunes gens que ces enfants le sont. Je suis sûr qu'ils auront votre approbation, et de tous ceux qui les verront. Conservez-moi votre précieuse amitié, mon cher frère, et soyez persuadé de la tendresse avec laquelle je suis, etc.


a Voyez t. XVIII, p. 146, et t. XXIV, p. 53.