<200> de tristesse. Vous devez bien juger que, peu sensible au plaisir de vivre, les occasions pour perdre la vie ne me toucheront pas, et qu'ainsi mon affliction ne nuira pas à vos intérêts, et ne m'abattra point. Ceci ne m'empêche pas de trouver que ceux qui vivent le plus éloignés de la société des hommes sont plus heureux que les princes. Après cet exposé de ma triste situation, il ne me reste qu'à vous supplier de m'accorder toujours vos bontés, étant avec le plus respectueux attachement, mon très-cher frère, etc.

36. DU MÊME.

Camp de Tschopa, 4 juillet 1758.



Mon très-cher frère,

J'ai reçu par ma sœur Amélie la copie d'une Dispositiona que feu mon frère a faite peu avant que de mourir. Elle m'envoie en même temps une lettre cachetée de mon frère, dans laquelle j'ai trouvé cette même Disposition, écrite de sa propre main, adressée à moi, et, au cas que je ne lui survécusse point, à mon frère Ferdinand. Je n'ignore pas que sans votre protection je n'ai aucun droit pour remplir les intentions de mon frère; je réclame donc votre assistance, afin de pouvoir satisfaire au dernier engagement que mon frère exige de moi. La bonté de son cœur, la tendresse pour ses enfants, et l'amitié envers sa famille, sont les principes par lesquels il a disposé de son bien; je regarde, pour moi, le devoir de lui satisfaire comme sacré; les senti-


a On conserve aux Archives de l'État la Disposition suivant laquelle je désire qu'on se règle après ma mort, faite à Berlin, le 20 avril 1758, et signée Guillaume. Le Prince de Prusse dit, à la fin de cette pièce : « J'établis mon frère Henri exécuteur du testament. »