250. DU MÊME.

Paris, 8 mars 1782.



Sire,

Je me hâte de répondre par le courrier d'aujourd'hui à la dernière lettre que V. M. m'a fait l'honneur de m'écrire, et dans laquelle elle se plaint que j'aie eu la sottise de lui envoyer je ne sais quel mauvais livre de physique. Les reproches de V. M. seraient très-justes, Sire, si en effet je lui avais causé l'ennui de cette lecture; mais je n'en suis nullement coupable. Je n'ai pris la liberté d'envoyer à V. M. aucun ouvrage, bon ou mauvais; je connais ses intentions à ce sujet, et je suis très-exact à m'y conformer. Je n'imagine pas même qui a eu<242> l'impertinence de se servir de mon nom pour ennuyer V. M. M. de Rougemont, son banquier, me dit hier qu'un M. le baron de Marivetz l'avait chargé d'envoyer un livre à V. M. Mais, Sire, je ne connais point ce M. le baron de Marivetz, je n'ai point lu son livre, et je n'ai rien dit à ce sujet à M. de Rougemont. Il y a aussi un M. Carra qui a dédié récemment un livre de physique à monseigneur le Prince de Prusse, et qui m'a dit en avoir envoyé un à Berlin, aux armes de V. M.; mais M. Carra, que je connais, m'a assuré qu'il ne s'était point servi de mon nom pour cet envoi. Je prie donc V. M. d'être persuadée que je ne suis nullement coupable de l'impatience que lui a causée ce mauvais ouvrage, quel qu'il puisse être. C'est bien assez de l'ennuyer quelquefois de mes rapsodies, sans y ajouter celles des autres.

Je suis avec le plus profond respect et pour votre personne, et pour votre temps, etc.