<IV>et le chiffre 66, allusion aux soixante-six drapeaux que le régiment de Baireuth avait pris à la journée de Hohenfriedeberg. Dans son rapport officiel sur cette victoire, Frédéric s'exprime en ces termes : « Action inouïe dans l'histoire, et dont le succès est dû aux généraux Gessler et Schmettau, au colonel Schwerin et au brave major Chasot, dont la valeur et la conduite se sont fait connaître dans trois batailles également. »a Voici enfin ce qu'il écrivit à la mère du major, en lui envoyant une tabatière de grand prix : « Il y a longtemps que vous avez des droits sur mon attention par les services que m'a rendus M. votre fils. La mère d'un officier aussi brave et aussi universellement estimable ne peut attendre de ma part que les témoignages d'une véritable bienveillance, etc. »b

Le 14 janvier 1746, M. de Chasot eut le malheur de blesser mortellement en duel son camarade le major Henri de Bronikowski.c Après avoir subi sa peine à la forteresse de Spandow,d il rentra au régiment, au mois de juin de la même année.

Frédéric ne se servit pas seulement des talents militaires de cet officier. L'Instruction pour le major de Chasot, faite à Potsdam, le 11 avril 1750, et conservée aux Archives de l'État (F. 92. Zz), renferme le passage suivant : « Le major de Chasot doit sonder les cours de Strélitz et de Schwerin, pour savoir si elles ne seraient pas dans la disposition d'entretenir un corps de troupes contre des subsides que le Roi leur payerait. » Les deux cours étaient également disposées à entrer dans les vues de Frédéric, qui pourtant, à ce qu'il parait, ne se réalisèrent pas.

Le 15 septembre 1750, M. de Chasot fut nommé lieutenant-colonel, et le 17 février 1752, il obtint sa démission, qu'il avait demandée. Il devint plus tard commandant de Lübeck, avec le grade de lieutenant-général danois. Le 17 juillet 1760, il épousa Camilla Torelli, fille d'un peintre italien. Elle était catholique comme lui, et lui donna deux fils, dont il est parlé dans la correspondance, Fré-


a Mémoires pour servir à l'histoire des années 1744 et 1745, A Berlin, chez Haude et Spener, 1746, in-8, p. 128. Voyez aussi notre édition des Œuvres de Frédéric, t. III, p. 129 et 160, et t. XI, p. 197 et suivantes.

b Voyez l'ouvrage du baron de Krohne intitulé : Allgemeines Teutsches Adels-Lexicon, Lübeck, 1774, in-fol., t. I, première partie, p. 337.

c Voyez ci-dessous, p. 331, l'Appendice de la correspondance de Frédéric avec M. de Chasot.

d Urkundenbuch zu der Lebensgeschichte Friedrichs des Grossen von J. D. E. Preuss, t. V, p. 81, 82, 83, 84 et 85, nos 18, 21, 22 et 26.