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IV. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LE CHEVALIER DE CHASOT. (30 janvier 1755 - 12 avril 1784.)

Isaac-François-Egmont de Chasot était né en Normandie; l'année de sa naissance est inconnue; sa mère vivait à Caen en 1745. On a prétendu qu'il avait fait connaissance avec Frédéric pendant la campagne de 1734; mais il est impossible que le Prince royal se soit mis en relation avec lui au milieu de l'armée française, comme le disent quelques auteurs,a car Frédéric n'obtint pas de son père la permission qu'il lui demanda, après la campagne de Philippsbourg, d'aller voir les troupes françaises, et ce ne fut qu'en 1740, après son avénement, qu'il se rendit à Strasbourg dans ce but. S'il les avait vues plus tôt, il n'aurait pu écrire à Jordan, le 24 septembre 1740 : « Tu me trouveras bien bavard à mon retour; mais souviens-toi que j'ai vu deux choses qui m'ont toujours beaucoup tenu à cœur, savoir : Voltaire, et des troupes françaises. »b Il dit d'ailleurs expressément dans la Description poétique d'un voyage à Strasbourg, t. XIV, p. 184 : « Là (à Strasbourg) je vis enfin ces Français, etc. » Il est probable que Frédéric fit la connaissance de M. de Chasot à la cour de Mecklenbourg, quelque temps après la campagne de 1734. Cet officier fut dès lors un des hôtes les plus assidus et les plus intimes de Rheinsberg, où il partagea les études et les plaisirs de son auguste ami.c

A son entrée au service militaire, M. de Chasot fut nommé, le 2 mai 1741, capitaine et chef d'escadron au régiment de dragons du margrave de Baireuth, no 5, et il devint major le 9 juillet 1743. Il se distingua si honorablement dans la seconde guerre de Silésie, que le Roi ajouta à ses armoiries sur le tout un écu d'argent à l'aigle de sable, et aux cimiers deux drapeaux portant les lettres HF


a Voyez les Lettres familières et autres, de M. le baron de Bielfeld, A la Haye, 1763, t. I, p. 67 et 68, et la Correspondance familière et amicale de Frédéric II avec U.-F. de Suhm, A Berlin, 1787, t. I, p. 199.

b Voyez t. XVII, p. 77 et 78.

c Voyez t. X, p. 217; t. XI, p. 27 et 36; t. XVI, p. 343; et t. XVII, p. 69. Voyez aussi la lettre de Frédéric à Fouqué, du 23 novembre 1736, t. XX, p. 123, et la lettre de Voltaire à Frédéric, 1751, t. XXII, p. 307.