« <493> médiocre, plus exempt de vices que doué de vertus. »a En effet, selon la religion comme selon la morale, l'omission du mal est le moindre effort d'un cœur vertueux; c'est le moindre des devoirs, je ne dirai pas d'un héros ou d'un grand roi, mais de chaque citoyen.

MEMOIRE INSTRUCTIF DRESSÉ PAR LISE DAME POUR L'USAGE D'UN JEUNE HOMME DE SES PARENTS QUELLE AVAIT PRIS SOIN D'ÉLEVER. (Traduit de l'allemand.)

Vous voyant sur le point de quitter la maison paternelle et de vivre désormais dans le grand monde, je ne puis me dispenser de vous avertir, mon cher fils, que vous allez être exposé à quantité d'écueils contre lesquels la plupart des jeunes gens échouent avant que d'en connaître les dangers et les moyens de s'en garantir. Mon intention cependant n'est pas de vous faire des leçons généralement sur toute la conduite que vous aurez à tenir. Je n'ai pas assez de vanité pour m'en croire capable, et je sais d'ailleurs que votre père et vos maîtres vous ont muni de toutes sortes d'avis très-sages sur lesquels vous ferez fort bien de vous régler. Je resterai dans les bornes de mon sexe, avec lequel, ou je me suis bien trompée, vous aurez toujours beaucoup à démêler. C'est sur cet article que vous avez plus besoin de bonnes instructions que sur tout le reste, et sur lequel j'ose me flatter de penser plus juste que votre père et que tous les gouverneurs qu'il pourra vous donner.

Tous les hommes ont leurs passions. Ce sont elles qui les gouvernent; et comme il y en a toujours une d'entre elles qui prédomine, c'est aussi celle-là qui influe le plus sur nos actions.

Celle qui domine le plus sur vous, mon cher fils, est, sans contredit, l'amour. Cette passion, quoique plus douce et plus agréable que toutes les autres, est la plus séduisante et la plus dangereuse pour ceux qui s'y abandonnent sans précaution.

Ceux qui nous enseignent la religion et la morale ordinaire se contentent de nous représenter l'amour sous les couleurs les plus affreuses. Ils nous ordonnent de le fuir comme la peste, et pour nous en inspirer d'autant plus de dégoût, ils nous persuadent que les passions, mais surtout l'amour conjugal, sont l'ouvrage


a Histoires, liv. I, chap. 49.