<389> me mêler d'affaires ecclésiastiques. A la vérité, V. M. nous appartient, à nous autres hérétiques, et pour aucun trésor du monde nous ne voudrions la céder à l'Église soi-disant universelle ou catholique; mais les âmes dévotes disent que le chef auguste de tant d'évêques et de prêtres de la communion romaine, quoique fidèlement attaché à notre Église orthodoxe protestante, a un droit incontestable de placer les monuments de sa bienfaisance royale dans toutes les églises et chapelles de la terre. Je ne suis pas un casuiste assez subtil pour me mêler de questions si délicates.

Je suis avec le plus profond respect, etc.

14. AU BARON DE GRIMM.

Potsdam, 16 décembre 1783.

Je vous suis fort obligé des soins que vous avez pris pour empêcher que ma correspondance avec d'Alembert ne fût imprimée. Plusieurs raisons me l'ont fait désirer; car premièrement cela n'en aurait pas valu la peine, et secondement la réputation de M. d'Alembert est si bien établie, qu'elle n'a aucunement besoin ni de mon appui, ni de mon suffrage. Cependant je vous avoue qu'il est bien triste de voir toutes les personnes que j'avais estimées mourir les unes après les autres; et cela est d'autant plus fâcheux, qu'il ne dépend pas de moi de mourir, ni de voir mourir les autres. Tout cela n'est qu'une suite du jeu des causes secondes, qui, par leurs combinaisons différentes, amènent tous les événements terribles. Il est vrai que j'ai fait ériger des monuments à Algarottia et à d'Argens,a que j'avais beaucoup


a Voyez t. XVIII, p. 11 et 148; t. XIX, p. 11 et 482; et ci-dessus, p. 36, 37 et 39.