<33> ce choix, comme dans quelques autres qui ont eu l'agrément de V. M. J'ai appris aussi la mort de M. Heinius, directeur de la classe de philosophie. Je crois que M. Béguelina serait très-digne de cette place par son honnêteté, ses travaux et ses lumières, et je prends la liberté de le recommander aux bontés de V. M. Que ne puis-je, Sire, aller vous dire moi-même tout ce que je suis forcé de ne vous dire que par lettres! V. M. a la bonté de me faire à ce sujet des invitations nouvelles, et qui me pénètrent de tendresse et de reconnaissance. Que ne suis-je en état d'y répondre! Ma place de secrétaire ne m'empêcherait pas d'aller passer encore quelque temps auprès de V. M., et de mettre à ses pieds, avant que de mourir, tous les sentiments qui sont depuis si longtemps dans mon cœur. Mais, Sire, une santé très-faible, et qui craint de ne pouvoir résister à la fatigue, des amis malades à qui je suis cher, et qui ont besoin de moi, ne me permettent pas de former sur ce sujet des projets arrêtés. Je ne désespère pourtant pas tout à fait de remplir mes vœux à ce sujet, et de pouvoir renouveler à V. M. les témoignages de la tendre vénération avec laquelle je serai toute ma vie, etc.


a Nicolas Béguelin, ancien précepteur du Prince de Prusse, ayant eu le malheur de déplaire au Roi, avait été congédié en 1764. Frédéric-Guillaume Il lui donna des lettres de noblesse le 20 novembre 1786, et le nomma directeur de la classe de philosophie dans l'Académie des sciences. Voyez t. XXIV, p. 509, 511, 512, 518 et 552. Voyez aussi l'Éloge de M. de Béguelin, par Formey, dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences et belles-lettres depuis l'avénement de Frédéric-Guillaume II au trône. Années 1788 et 1789. Berlin, 1793, p. 46.