<22> de l'impudence avec laquelle les prêtres ne font faire au Roi de serments que pour eux. On assure qu'ils ont mieux fait encore dans cette occasion, et qu'ils ont supprimé l'endroit de la cérémonie où deux des évêques assistants demandent au peuple s'il reconnaît Louis XVI pour roi. Ces bons citoyens briseraient, s'il leur était possible, les liens les plus chers qui unissent le monarque aux sujets, l'obéissance commandée par l'amour. Je sais bien mauvais gré à l'auteur du Système de la nature du prétendu pacte qu'il imagine que les rois ont fait avec les prêtres pour opprimer les peuples;a si cet écrivain dangereux eût seulement ouvert l'histoire ecclésiastique, il y aurait vu que de tout temps et en toute occasion les prêtres ont été les plus grands ennemis des rois. Puissent tous les souverains, Sire, penser comme vous sur cette engeance, qui ne connaît, comme vous le dites si bien, que deux dieux, l'intérêt et l'orgueil!

Je suis bien sûr que la Pomérellie se sentira du gouvernement de V. M., que les lumières et la justice y régneront, et que vous rendrez ces Esquimaux plus heureux et plus éclairés.

Je prends toujours la liberté de recommander le sieur Tassaert aux bontés de V. M., et j'espère qu'il en sera digne par son travail et par sa conduite.

C'est un spectacle bien doux pour moi que de voir V. M., au milieu de tant d'occupations, trouver encore du temps à donner aux lettres; elles en recueilleront le fruit et par vos ouvrages, et par votre protection; et on pourrait frapper une médaille où Frédéric serait d'un côté, et Minerve de l'autre, avec ces mots : Ditat et défendit (Il l'enrichit et la défend). Pour moi, Sire, je ne puis plus guère être autre chose que le témoin des succès de la philosophie; ma santé me permet à peine un léger travail; elle commence cependant à prendre un peu plus de consistance, et je voudrais bien qu'elle en pût prendre assez pour me permettre d'aller encore présenter à V. M. le juste


a Voyez t. IX, p. 188.