<199> fait ici autant de fortune que son bel éloge de l'Impératrice-Reine, et qu'ils sont en ce moment répétés avec de grands éclats de rire par tous ceux qui pensent, et qui, à l'exemple de V. M., méprisent toutes les superstitions humaines et toutes les billevesées théologiques. Puissent la destinée et la goutte vous permettre, Sire, de donner encore longtemps un pareil exemple aux rois, qui pour la plupart en ont si grand besoin, une si douce consolation à la raison et au bon sens, et une si efficace marque de mépris à l'absurde et atroce fanatisme!

Tout ce que V. M. me fait l'honneur de me mander sur l'état actuel de la littérature allemande est plein de goût et de lumières. Je souhaite et j'espère que les réformes proposées et ordonnées par V. M. auront un succès digne du héros philosophe et réformateur qui les a prescrites. Nos universités de France, et celle de Paris en particulier, auraient grand besoin d'un législateur tel que vous; car on y est encore bien encroûté de préjugés en tout genre, bien ignorant et bien fanatique.

Je m'en rapporte entièrement à V. M. sur le jugement qu'elle a porté de ce M. Mayer dont j'avais eu l'honneur de lui parler. On m'en avait écrit des merveilles, et je les avais crues assez facilement pour demander à V. M. si elle connaissait cet homme de lettres. Me voilà maintenant bien instruit de ce qu'il vaut, et parfaitement tranquille sur le parti que V. M. voudra prendre à cet égard. Je crois volontiers que les littérateurs allemands sont encore bien malades de cette indisposition que V. M. appelle si plaisamment une diarrhée de paroles. Il leur suffirait d'entendre ou plutôt d'écouter plus souvent et plus attentivement V. M., pour apprendre d'elle à ne dire que ce qu'il faut, et comme il le faut.

Ce précepte si sage, Sire, m'avertit de finir moi-même tout mon bavardage philosophique et littéraire; je le termine mieux qu'il n'a commencé, en renouvelant à V. M. l'hommage des sentiments pro-