<181>tion, et faire faire ensuite à Berlin, par son sculpteur Tassaert, une copie bien exacte de ce buste pour l'Académie. Quoi qu'il en soit, dès que l'ouvrage sera fini, et je compte qu'il le sera bientôt, j'aurai l'honneur d'en donner avis à V. M., et de prendre les moyens les plus sûrs et les plus prompts pour le lui faire parvenir.

Ma santé, à laquelle V. M. veut bien prendre assez d'intérêt pour m'en demander quelque détail, est en ce moment meilleure, depuis la cessation des chaleurs affreuses et opiniâtres que nous avons essuyées pendant un mois. Mais elle est en général si incertaine et si chancelante, que je ne puis et n'ose plus former de projets de voyage. Je me vois réduit à végéter et à languir dans un malheureux pays où les lettres sont plus avilies, plus opprimées et plus persécutées que jamais, où les prêtres sont méprisés et puissants, où le génie est outragé de son vivant et après sa mort, où, en un mot, rien ne peut me retenir aujourd'hui que l'extrême danger de changer de place. Que j'aurais, Sire, de consolation et de plaisir même à verser dans le sein de V. M. toutes mes peines, et tout le détail des maux qu'on fait souffrir en France à la raison et à la justice! Je la supplie du moins de vouloir bien me conserver toujours ces mêmes bontés qui ont fait si longtemps ma gloire et mon bonheur, et qui font aujourd'hui mon seul dédommagement et ma seule ressource.

Je suis avec la plus profonde et la plus tendre vénération, etc.

224. A D'ALEMBERT.

Le 2 octobre 1780.

Je suis bien fâché que l'état de votre santé soit assez mauvais pour m'ôter à jamais l'espérance de vous revoir. Je m'étais flatté que vous