<170>tion que vient de faire l'impératrice de Russie a satisfait tous les Français, et tous les Français sont persuadés que V. M. a eu bonne part à cette démarche noble et ferme de la Russie. On voit avec plaisir que ces insolents Anglais, qui ne respectent rien, respectent pourtant jusqu'ici le pavillon de V. M.; mais on n'est point surpris qu'ils vous distinguent et vous redoutent. V. M. a fait, depuis quarante ans de règne, tout ce qu'il faut pour se faire respecter de ses amis et de ses ennemis. Toute la France voit avec plaisir que l'ancien système d'alliance et d'union reprend le dessus, que nous nous sommes rapprochés de l'allié naturel, et surtout de l'allié puissant et respectable que nous avions en vous; et dans cette confiance, on n'est guère effrayé de l'entrevue que l'Empereur et l'impératrice de Russie ont dû avoir à Mohilew. On se flatte qu'elle ne troublera point la paix de l'Europe, qui a si grand besoin de repos, et que l'Europe sera encore redevable à V. M. de ce nouveau bienfait.

V. M. aura, comme je l'espère, le buste de Voltaire vers la fin de septembre ou le commencement d'octobre; il serait déjà commencé, sans un embarras où est le sculpteur, et où je suis avec lui, par rapport à la forme qu'il faut donner à la tête. Je n'ennuierai point V. M. de ce détail; M. de Catt lui en rendra compte, et me fera parvenir ses ordres. Dès qu'ils seront arrivés, le sculpteur travaillera sans relâche. J'ose répondre d'avance à V. M. qu'elle sera très-satisfaite et du travail, et de la ressemblance.

On prépare une nouvelle éditiona des ouvrages de cet homme si illustre et si précieux aux lettres et à la raison. Elle sera magnifiquement imprimée, prodigieusement enrichie, et, comme V. M. le pense bien, imprimée en pays étranger, grâce aux clameurs des fanatiques français, le fléau perpétuel de toute lumière et de tout bien. On assure d'ailleurs que cette édition sera faite avec soin, et revue par des hommes de mérite à qui la mémoire et les ouvrages de Voltaire sont


a Voyez t. XXI, p. I et II.