<95> qui vous sont adressées. Je compte trop sur votre extrême indulgence, sur votre support, et sur la patience que vous avez de lire mon bavardage; cependant il ne me convient point d'en abuser.a

J'apprends que V. A. R. est à Leipzig; ce voisinage m'enhardit à lui envoyer des asperges. Peut-être les a-t-on meilleures à Leipzig qu'ici, peut-être est-ce porter des chouettes à Athènes;b quoi qu'il en soit, V. A. R. fera comme les dieux, qui se contentent plus de l'intention que des offrandes qu'on leur fait. Je suis, etc.

42. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 17 mai 1765.



Sire,

Je sens vivement l'obligation que j'ai à Votre Majesté de ce qu'elle a bien voulu m'accorder un des premiers moments de sa convalescence. On dit qu'une attaque de goutte en forme délivre de plusieurs autres maux. Si cela est, je pardonne à cette maladie d'avoir retardé la réponse que vous me destiniez, Sire, et je consens, dussiez-vous en gronder, qu'elle vous visite quelquefois à ce prix. Mais pour le présent, je félicite de tout mon cœur V. M. d'en être délivrée, et je vous souhaite, Sire, toute la santé nécessaire pour jouir des fêtes que vous préparez. Nous avons mangé avec un plaisir singulier les productions de vos jardins, que vous avez bien voulu m'envoyer, et je vous prie, Sire, d'agréer mes remercîments sincères pour une attention si obligeante. Je savais déjà que vous faites croître à Sans-Souci les


a Le mot abuser manque dans notre manuscrit.

b Voyez t. XXIII, p. 139 et 165.