<57> monde sera convaincu que les talents ne sont jamais nuisibles, et que ce n'est qu'aux esprits éclairés à faire des actions vraiment dignes de louange.

Je ne finirais pas, madame, si je vous disais tout ce que je pense sur ce sujet; j'en ai l'esprit rempli. Mais vous avez des affaires, et je ne dois pas vous distraire dans l'arrangement des bonnes choses que vous méditez. V. A. É. peut toutefois compter qu'elle a un admirateur ici, auquel elle donnera sans doute encore plus d'une occasion d'applaudir, et qui est avec tous les sentiments de la plus haute estime, etc.

12. A LA MÊME.

Potsdam, 3 novembre 1763.



Madame ma sœur,

Dans ce moment, je viens de recevoir une lettre de l'impératrice de Russie, dont le contenu ne me paraît guère favorable, madame, à vos espérances. Elle exige que j'instruise mon ministre en Pologne pour qu'il agisse en tout de concert avec le comte de Kaiserling; et elle y ajoute ces propres termes : « J'attends de l'amitié de V. M. qu'elle ne permettra ni le passage par son pays, ni l'entrée en Pologne aux troupes saxonnes, qui doivent y être regardées actuellement comme absolument étrangères. » Si vos lettres, madame, ne font pas changer de sentiment à l'Impératrice, je ne vois pas par quelle voie l'Électeur pourra parvenir au trône de Pologne, et par conséquent, que j'aie de la déférence pour les désirs de l'Impératrice, ou non, vous n'en deviendrez pas plus reine pour cela; et je pourrais me commettre contre une puissance que je dois ménager. Je suis persuadé,