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205. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 20 juillet 1777.



Sire,

Quand j'ai osé dire à Votre Majesté que ses lettres instruisent mon esprit autant qu'elles intéressent mon cœur, ce n'est point votre éloge, Sire, que j'ai prétendu faire. Je sais qu'un grain tel que celui que je puis brûler pour vous n'est rien aux yeux du philosophe, moins encore aux yeux du philosophe roi qui se voit si fort élevé au-dessus de toute espèce de vanité. Qu'y a-t-il de plus flatteur pour moi que la peine que vous prenez de m'instruire par vos réflexions, lorsque votre exemple, Sire, instruit et éclaire l'univers? Ma voix est faible au prix de l'acclamation universelle; mais c'est celle de la vérité, d'une vérité qui s'échappe dès que je mets la plume à la main pour écrire à V. M., et qu'en vain je voudrais retenir. Il est vrai que Charlemagne, revenant aujourd'hui, trouverait les choses un peu changées sur les bords de l'Elbe, et que ses missionnaires auraient besoin d'autres armes pour soumettre les esprits.

Je ne sais ce que les jésuites pourront devenir en France; mais en leur rendant les droits de citoyens, dont on les avait privés un peu durement, on n'a fait que suivre l'exemple de V. M. Vous avez été le premier, Sire, qui se montrât exempt d'une terreur panique dont tout le monde semblait être saisi. Vous avez fait voir que tout ordre d'hommes peut devenir utile entre les mains du gouvernement qui sait les employer.

Le comte de Zinzendorff,a qui aura l'honneur de présenter ma lettre à V. M., témoin des sentiments dont je l'ai entretenu, ne pourra


a Frédéric-Auguste comte de Zinzendorff et Pottendorff, envoyé de Saxe à la cour de Berlin, et successeur de M. de Stutterheim, qui avait eu son audience de congé le 7 avril 1777.