<333> de me bien imprimer. V. M. m'apprend jusqu'à la chose que je savais le mieux, et dans laquelle néanmoins vous me faites journellement faire de nouveaux progrès : c'est l'admiration infinie et la haute estime avec laquelle je suis, etc.

204. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

(Potsdam) 27 juin 1777.



Madame ma sœur,

Si les enchantements de la diva Antonia opéraient entièrement sur mon cerveau, il serait déjà renversé; je pousserais l'illusion à croire que je puis l'instruire et l'amuser. Mais, madame, un reste de raison écarte ces prestiges, et me convainc que V. A. R. sait mieux que moi les choses sur lesquelles a roulé notre correspondance, et que, par une maladie que les Grecs appellent une logodiarrhée,a j'ai trop discuté et même trop rabâché ces matières. Parler de sciences à V. A. R., c'est vouloir porter des corneilles à Corinthe,b des modes à Paris, ou de la folie aux Polonais. Je suis comme un escargot qui a mis imprudemment sa tête hors de sa coquille, mais qui la retire bien vite. C'est aux vrais savants, aux sages (s'il en est) à éclairer le monde, et aux gens comme moi à profiter de leurs instructions, mais non pas à se croire assez instruits pour en donner aux autres. Je demande pardon à V. A. R. de m'être ainsi échappé; enchanté de lui écrire, une


a Voyez t. XXIII, p. 399.

b Frédéric veut dire : porter des chouettes à Athènes, comme ci-dessus, p. 95. Quant à l'expression aller à Corinthe, il l'applique avec justesse dans quelques lettres, p. e. t. XX, p. 320, et t. XXI, p. 205. Voyez, du reste, ci-dessus, p. 92.