<306> le plus qu'il me sera possible, et les revers qui peuvent m'attendre encore dans cette épineuse carrière d'ici-bas seront bien grands, si le souvenir du bonheur que j'ai goûté, et les sublimes exemples de l'héroïsme de Frédéric, ne m'aident pas à les supporter.

Voilà donc enfin les conditions de la dernière paix remplies, et tout pacifié sur notre petit globe. Il faut sans doute que, dans l'ordre des choses, la guerre entre, comme le levain dans le pain, dans la constitution de la société humaine, ou comme la matière électrique dans notre atmosphère, où maintenant on la charge de tout faire au hasard, de mettre le feu à quelque clocher ou à quelque village par-ci par-là. Pour moi, Sire, je n'aime pas tous ces petits nuages électriques que vous autres héros tenez toujours suspendus au-dessus de nos têtes, prêts à s'étendre et à vomir la foudre et le tonnerre au premier signal. Ah! laissez-nous, de grâce, le temps de vous admirer en paix; c'est ma plus douce occupation, Sire, et la seule dont je ne me lasse point. Puisse-je me pénétrer assez de cette admiration profonde et de la haute vénération avec laquelle je suis, etc.

187. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

(Potsdam) 15 mars 1775.



Madame ma sœur,

Si je me suis ingéré de parler à Votre Altesse Royale d'Apollon et des Muses, c'est sur la foi des poëtes. Selon ce qu'ils en disent, ces habitants du Parnasse auraient dû faire exactement ce que j'ai pris, madame, la liberté de vous écrire. Peut-être Apollon s'est-il transformé en Bavarois pour d'autant mieux vous servir, et, content de