<216> sur les replis singuliers du cœur humain. Si j'étais sûre d'attirer V. M. ici, j'irais, dansant à la tête de toutes nos vieilles dames, vous recevoir jusque sur la frontière; mais comme vous pourriez bien n'être pas aussi amateur que les Hébreuxa de ce genre de spectacle, je dois me contenter à repasser dans mon imagination les agréables idées que j'ai puisées dans votre beau palais, au sein des arts et des sciences, et surtout de la sagesse, et à soupirer après le retour de ces délicieux moments. Recevez, Sire, avec votre bonté ordinaire les assurances sans bornes de l'admiration et du parfait et respectueux attachement avec lequel je suis, etc.

127. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

1er mai 1770.



Madame ma sœur,

La lettre de Votre Altesse Royale a calmé les remords dont j'étais agité pendant quelque temps. Je me reprochais que, malade et goutteux, je vous avais présenté, madame, un ouvrage qui, par épidémie, vous avait communiqué le mal dont j'étais atteint, et dont l'ennui, pour comble, aurait pu causer des symptômes plus fâcheux à V. A. R. Mais, madame, votre esprit est comme ces estomacs vigoureux qui digèrent tous les aliments, et qui, par leur énergie, les convertissent en sucs propres à la nourriture. Je me confirme donc par là dans mes sentiments, et ma foi s'affermit plus que jamais dans le culte de diva Antonia; et j'ajouterai même très-hérétiquement que je préfère ma divinité à toutes celles dont le paganisme avait peuplé l'Olympe,


a Exode, chap. XXXII, v. 18 et 19.