<192>ment liés aux sentiments de la haute admiration avec lesquels je ne cesserai d'être, etc.

112. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

8 août 1769.



Madame ma sœur,

Il faut que j'aie bien joué de malheur, ou que les postes aient mal servi mon empressement, pour que j'aie manqué un moment qui aurait fait le bonheur de ma vie, s'il vous avait déterminée, madame, à nous honorer de votre présence. Cependant il faut que je rende compte à V. A. R. de ce qui nous est arrivé pendant cette noce. La landgrave de Darmstadt, digne à tous égards d'avoir le bonheur d'être connue de V. A. R., était du secret; je lui avais dit que peut-être, madame, vous daigneriez faire une apparition parmi nous. Sur ce soupçon, nous prîmes toutes nos mesures pour ne point être surpris, et nous mîmes tous les éléments de la partie : les uns observaient les grands chemins; les autres avaient l'œil sur les rivières pour nous avertir de l'arrivée de quelque flotte, en cas qu'il y en eût une assez heureuse que de vous transporter; enfin, d'autres fixaient le ciel, et observaient les hippogriffes et les Pégases qui pourraient vous servir de monture, quand on vint nous annoncer qu'on voyait un grand oiseau dans les airs, qui paraissait vouloir s'abaisser vers nous, mais que son éloignement empêchait d'apercevoir de quoi il était chargé; sur quoi nous de courir à la fenêtre, et de braquer nos lorgnettes pour distinguer ce que c'était. Mais, madame, que nos espérances furent déçues! Nous vîmes un grand aigle qui, en s'abattant, enleva un jeune faisan dans ses serres; et cette électrice si impatiemment