<175>sibles et des peuples plus policés qu'on apprécie les productions qui font le plus d'honneur à l'esprit humain, et que, en protégeant les auteurs, on encourage les talents.

Qu'il est rare de trouver de grandes princesses qui donnent l'exemple en divers genres à leurs sujets, et qui ne dédaignent pas la gloire du mérite personnel, infiniment préférable à celui de la naissance! Quel Saxon ne doit pas se trouver encouragé à travailler pour la perfection des arts, quand il voit, quand il entend des merveilles qu'il ne m'est pas permis d'exprimer dans cette lettre-ci, et qui n'en font pas moins l'admiration de l'Europe! Je m'arrête, madame, en si beau chemin, non faute de matière, mais par discrétion; j'espère que V. A. R. me tiendra compte du sacrifice que je fais à son extrême modestie d'une infinité de choses que j'ai sur le cœur, et dont je me plais à m'entretenir avec d'autres. Daignez jeter quelque regard bénévole sur ces lignes, et surtout recevoir avec bonté les assurances du parfait attachement et de la haute estime avec laquelle je suis à jamais, etc.

101. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 23 août 1768.



Sire,

La dernière lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire m'a donné la joie de vous savoir heureusement retourné de votre voyage, et le plaisir de rire de grand cœur de tout ce que vous m'en dites. Je sais bien, Sire, que vous n'avez pas toujours fait rire les gens, et que les généraux ennemis ne vous trouvent pas fort plaisant