<79> que je vous envoie, qui certainement ne les valent pas; mais je fais la guerre de toutes les façons à mes ennemis; plus ils me persécuteront, et plus je leur taillerai de la besogne. Et si je péris, ce sera sous un tas de leurs libelles, parmi des armes brisées sur un champ de bataille; et je vous réponds que j'irai en bonne compagnie dans ce pays où votre nom n'est pas connu, et où les Boyer et les Turenne sont égaux.a

Je serais bien aise de vous recevoir; je vous souhaite mille bonheurs; mais où, quand, et comment? Voilà des problèmes que d'Alembert ni le grand Newton ne sauraient résoudre.

Adieu; vivez heureux et en paix, et n'oubliez pas ceux que le diable ou je ne sais quel être malfaisant lutine, etc.

372. AU MÊME.b

Freyberg, 20 mars 1760.

TOUJOURS SUR LA PAIX.

Peuple charmant, aimables fous
Qui parlez de la paix sans songer à la faire,
A la fin donc résolvez-vous :
Avec la Prusse et l'Angleterre
Voulez-vous la paix ou la guerre?
Si Neptune sur mer vous a porté des coups,
L'esprit plein de vengeance et le cœur en courroux,
Vous formez le projet de subjuguer la terre,
Votre bras s'arme du tonnerre.


a Voyez t. XIX, p. 23.

b Cette lettre, tirée des Œuvres posthumes, t. VII, p. 287-290, se trouve déjà dans notre t. XII, p. 154-156; les dix-neuf vers par lesquels elle commence avaient aussi été insérés par Frédéric dans sa lettre au marquis d'Argens, du 20 mars 1760, t. XIX, p. 158 et 159.