<244> l'opéra-comique, Vauxhall, et les marionnettes. Ils ne méritaient pas que vous fussiez né dans leur patrie; ce ne sera que la postérité qui connaîtra tout votre mérite.

Pour moi, il y a trente-six ans que je vous ai rendu justice. Je ne varie point dans mes sentiments; je pense à soixante ans de même qu'à vingt-quatre sur votre sujet; et je fais des vœux à cet Être qui anime tout, qu'il daigne conserver aussi longtemps que possible le vieil étui de votre belle âme. Ce ne sont pas des compliments, mais des sentiments très-vrais que vos ouvrages gravent sans cesse plus profondément dans mon esprit.

451. DE VOLTAIRE.a

Ferney, 31 juillet 1772.

Sire, permettez-moi de dire à Votre Majesté que vous êtes comme un certain personnage de La Fontaine :

Droit au solide allait Bartholomée.b

Ce solide accompagne merveilleusement la véritable gloire. Vous faites un royaume florissant et puissant de ce qui n'était, sous le Roi votre grand-père, qu'un royaume de vanité; vous avez connu et saisi le vrai en tout; aussi êtes-vous unique en tout genre. Ce que vous faites actuellement vaut bien votre poëme sur les confédérés. Il est plaisant de détruire les gens et de les chanter.


a Cette lettre, tirée de l'édition de Kehl, a été placée mal à propos par M. Beuchot sous la date du 2 mai 1767. Il a omis les deux dernières phrases du second alinéa et la dernière de l'alinéa suivant, après lequel il a inséré le fragment que nous avons imprimé ci-dessus, p. 151.

b Le Calendrier des vieillards, nouvelle tirée de Boccace. Voyez ci-dessus, p. 178.