<230> Je connais des rois qui ont fait à propos l'une et l'autre; mais je me garderai bien de vous dire qui sont ces rois-là.

L'impératrice de Russie dit que ses affaires vont fort bien par delà le Danube; qu'elle est maîtresse de toute la Valachie, à une ou deux bicoques près; quelle est reconnue de toute la Crimée. Il faudra qu'elle fasse jouer incessamment, sur le théâtre de Bagtcheh-Serai, Iphigénie en Tauride.a Puisse-t-elle faire bientôt une paix glorieuse, et puissent ces vilains Turcs ne plus molester les chrétiens grecs et latins!

444. A VOLTAIRE.

Sans-Souci, 18 novembre 1771.b

Vous vous moquez de moi, mon bon Voltaire; je ne suis ni un héros, ni un océan, mais un homme qui évite toutes les querelles qui peuvent désunir la société. Comparez-moi plutôt à un médecin qui proportionne le remède au tempérament du malade. Il faut des remèdes doux pour les fanatiques; les violents leur donnent des convulsions. Voilà comme je traite les prédicants de Genève, qui ressemblent plus, par leur véhémence, aux réformateurs du quinzième siècle qu'à la génération présente.

Il y a longtemps que j'ai lu la brochure du Droit des hommes et de l'usurpation des papes. Vous croyez donc que les Semnons ne sont pas curieux de vos ouvrages, et qu'on ne les lit pas au bord de la Havel avec autant et peut-être plus de plaisir que sur les rives de la Seine ou du Rhône? Cette brochure parut précisément après que les Fran-


a Tragédie de Guymond de La Touche.

b Le 13 novembre 1771. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 155.)