<177>rasser de ces bagatelles. Lorsque j'étais malade, en recevant votre lettre, le souvenir de Panétiusa me rendit mes forces. Je me rappelai la réponse de ce philosophe à Pompée, qui désirait de l'entendre; et je me dis qu'il serait honteux pour moi que la goutte m'empêchât de vous écrire.

Vous me parlez de tableaux suisses; mais je n'en achète plus depuis que je paye des subsides. Il faut savoir prescrire des bornes à ses goûts comme à ses passions.

Au reste, je fais des vœux sincères pour la corroboration et l'énergie de votre poitrine. Je crois toujours qu'elle ne vous fera pas faux bond sitôt. Contentez-vous des miracles que vous faites en vie, et ne vous hâtez pas d'en opérer après votre mort. Vous êtes sûr des premiers, et les philosophes pourraient suspecter les autres. Sur quoi je prie saint Jean du désert, saint Antoine, saint François d'Assise et saint Cucufin de vous prendre tous en leur sainte et digne garde.

419. DE VOLTAIRE.

(Ferney) 8 juin 1770.

Quand un cordelier incendie
Les ouvrages d'un capucin,b
On sent bien que c'est jalousie,
Et l'effet de l'esprit malin.
Mais lorsque d'un grand souverain
Les beaux écrits il associe
Aux farces de saint Cucufin,
C'est une énorme étourderie.


a Le Roi veut dire Posidonius, disciple de Panétius. Voyez t. XIX, p. 108 et 109.

b Allusion au bref donné le 1er mars 1770 par Clément XIV, qui avait été franciscain.