<104> son imagination, et le guérissent par le régime; et comme je ne trouve pas que des élixirs et des potions puissent me donner la moindre consolation, dès que je suis malade, je me mets à un régime rigoureux, et jusqu'ici je m'en suis bien trouvé.

Vous pouvez donc consoler l'Europe de la perte importante qu'elle croyait faire de mon individu (quoique je la trouve des plus minces); car, quoique je ne jouisse pas d'une santé bien ferme ni bien brillante, cependant je vis; et je ne suis pas du sentiment que notre existence vaille qu'on se donne la peine de la prolonger, quand même on le pourrait.

D'ailleurs, je vous suis fort obligé de la part que vous prenez à ma santé, et des choses obligeantes que vous me dites. Je regrette que votre âge donne de justes appréhensions de voir finir avec vous cette pépinière de grands hommes et de beaux génies qui ont signalé le siècle de Louis XIV. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

383. AU MÊME.

Sans-Souci, 25 novembre 1766 (1765).a

Cet extrait du Dictionnaire de Bayle dont vous me parlez est de moi. Je m'y étais occupé dans un temps où j'avais beaucoup d'affaires; l'édition s'en est ressentie. On en prépare à présent une nouvelle,


a Cette lettre répond à la lettre de Voltaire, du 16 octobre 1765, qui s'est perdue. Voyez Friedrichs des Zweiten hinterlassene Werke, t. I, p. XXXI (b). Dans le VIIe volume de notre édition, p. VI, l. 12, nous avons cité cette lettre, d'après l'édition de Kehl, comme étant de l'année 1766.