<123>Nous sommes arrivés hier. Je vous crois à Bruxelles, et même je vous crois après-demain ici.a Je vous prie de m'apporter Mahomet, tel que vous l'avez fait représenter sur le théâtre de Paris, et de ramasser ce que vous avez fait du Siècle de Louis XIV, pour m'en amuser et pour m'instruire. Vous serez reçu avec tout le désir de l'impatience et avec tout l'empressement de l'estime. Vale.

189. DE VOLTAIRE.

Le 29 août 1742.

Après votre belle campagne,
Après ces vers brillants et doux,
Grand Apollon de l'Allemagne,
Dans quel Parnasse habitez-vous?
Vous êtes dans Aix, entre nous,
Comme au pays de Charlemagne,
Et non pas comme au rendez-vous
Des fiévreux, des sots et des fous,
Qu'un triste esculape accompagne.

Permettez, mon héros, mon roi, qu'une abominable fluxion, qui s'est emparée de moi sur le chemin de Lille à Bruxelles, soit un peu diminuée pour que je vole à Aix-la-Chapelle. Cette fluxion me rend sourd, et il ne faut pas l'être avec V. M.; ce serait être impuissant en présence de sa maîtresse. Je vais, pendant les deux ou trois jours que je suis condamné à rester dans mon lit, faire transcrire le Mahomet, tel qu'il a été joué, tel qu'il a plu aux philosophes, et tel qu'il a révolté les dévots; c'est l'aventure du Tartuffe. Les hypocrites persécu-


a Voltaire partit le 2 septembre pour Aix-la-Chapelle; le 10, il rendit compte de son voyage au cardinal de Fleury, dans la lettre ci-dessus mentionnée, datée de Bruxelles.