<320> donner une adresse pour ce bon vin de Hongrie. Nous comptons partir au commencement de mai; j'aurai l'honneur d'écrire à V. A. R. dès que nous nous serons un peu orientés.

Comme il faut rendre compte de tout à son maître, il y a apparence que, au retour des Pays-Bas, nous songerons à nous fixer à Paris. Madame du Châtelet vient d'acheter une maison bâtie par un des plus grands architectes de France, et peinte par Le Brun et par Le Sueur. C'est une maison faite pour un souverain qui serait philosophe. Elle est heureusement dans un quartier de Paris qui est éloigné de tout; c'est ce qui fait qu'on a eu pour deux cent mille francs ce qui a coûté deux millions à bâtir et à orner. Je la regarde comme une seconde retraite, comme un second Cirey. Croyez, monseigneur, que les larmes coulent de mes yeux quand je songe que tout cela n'est pas dans les États de Marc-Aurèle-Frédéric. La nature s'est bien trompée en me faisant naître bourgeois de Paris. Mon corps seul y sera; mon âme ne sera jamais qu'auprès d'Émilie et de l'adorable prince dont je serai à jamais, avec le plus profond respect, et, si S. A. R. le permet, avec tendresse, etc.

85. DU MÊME.

Cirey, 25 avril 1739.

Monseigneur, j'ai donc l'honneur d'envoyer à Votre Altesse Royale la lie de mon vin. Voici les corrections d'un ouvrage qui ne sera jamais digne de la protection singulière dont vous l'honorez. J'ai fait au moins tout ce que j'ai pu; votre auguste nom fera le reste. Permettez encore une fois, monseigneur, que le nom du plus éclairé, du