<330> n'avons pas le sens commun, et que nous n'entendons rien à son métier. Pour moi, je suis honteux que mon érudition soit si peu prisée, et le lendemain c'est à recommencer. Voilà, mon cher mylord, un récit fidèle de la vie que je mène dans ma retraite.

J'ai ici deux de mes neveux de Brunswica qui promettent beaucoup, et qui ont trouvé l'art de réunir, à leur âge, la vivacité de la jeunesse avec la sagesse des vieillards. Ils sont remplis de connaissances, et ils ont un désir ardent de s'instruire sur tout ce qui est digne d'être appris. Je finis ma lettre en vous apprenant, mon cher mylord, que mon chèvrefeuille est sorti, que mon sureau va débourgeonner, et que les oies sauvages sont déjà de retour. Si je savais quelque chose de plus capable de vous attirer, je le dirais également; car je n'ai pas la présomption que ce peut être l'amitié et l'estime avec laquelle je suis, mon cher mylord, etc.

48. AU MÊME.

Berlin, 7 avril 1764.

J'ai reçu, mon cher mylord, votre lettre à mon retour de Silésie, où j'ai été panser les plaies que la guerre avait faites à cette province. Je suis charmé de l'espérance que vous me donnez de nous revoir; j'ai toujours espéré que cette consolation me resterait encore. Votre graine de fraises est très-bien arrivée; mon jardinier l'a, et j'espère que je pourrai vous en offrir dans mon jardin. Ces Mémoires dont vous parlez, et que je viens d'achever, me convainquent de plus en plus qu'écrire l'histoire est compiler les sottises des hommes et les


a Les princes Frédéric et Guillaume. Voyez, t. XIII, p. 6-9, l'Épître que Frédéric a adressée à ces deux jeunes princes.