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33. A MYLORD MARISCHAL.

aJe vous suis très-obligé, mon cher mylord, des bonnes graines de melon que vous avez la bonté de m'envoyer. Je ne vous prendrai point votre tabac; je ne suis point d'humeur à détrousser un pauvre voyageur, ni de violer les droits de l'hospitalité. Je ne vous en ai pas une moindre obligation, et je ferai venir des magots de Berlin et de Chine pour votre correspondante.

34. AU MÊME.

Leipzig, 9 mars (1761).

J'ai reçu, mon cher mylord, votre lettre avec bien du plaisir. Je vous vois sur votre départ d'Angleterre et prêt à retourner à Colombier, où des dissensions civiles et des soi-disant schismes vous attendent.b Croyez-moi, vous ferez taire vos docteurs plus vite que nous n'accorderons les têtes politiques de l'Europe, quoique, à vous dire vrai, l'éternité des peines m'embarrasse moins que le chaos des prétentions que la cupidité de tant de souverains forme.

Vous saurez comme nous sommes parvenus à chasser les Français de la Hesse. Le prince Ferdinand assiége actuellement Cassel. Veuille le ciel que ces succès accélèrent la paix, dont l'Europe et nous surtout avons grand besoin. Ne vous inquiétez pas tant pour mon ta-


a Cette réponse se trouve, dans le manuscrit, sur la même feuille que la lettre précédente.

b Au mois d'avril 1758, le pasteur de la Sagne, nommé Prince, appuyé par son consistoire, se plaignit à la Classe de Neufchâtel de ce que M. Petitpierre, pasteur de la Chaux-de-Fonds, prêchait la doctrine de la non-éternité des peines. Le Roi voulut en vain conserver ce dernier; il fut destitué.