<290>

4. AU MÊME.

Le 20 (février 1755).

Mon cher gouverneur, je suis charmé de vous voir occupé d'objets si utiles pour votre petite province. On voit que les lois de tout pays se sont ressenties du temps dans lequel on les a créées, et il restait un coin de barbarie dont enfin on viendra à bout de détruire les restes. Nous avons ici un hiver qui fait paroli au vôtre. De ma vie je n'en ai vu d'aussi vilain; il a été funeste à bien du inonde. Madame de Keyserlingka en est morte, et votre ami Gorin,b après avoir lutté longtemps contre les infirmités et les faiblesses qu'il avait gagnées dans la campagne du jeune Édouard, a enfin succombé; il est mort dans quatre jours d'une fièvre inflammatoire. Je suis bien aise que sa longue maladie m'ait empêché de faire véritablement connaissance avec lui, ce qui me l'aurait fait regretter davantage. Il a la consolation rare après sa mort que tout le monde dit du bien de lui. Adieu, mon cher mylord; je vous souhaite longue vie, un climat chaud, du plaisir en quantité, et que vous n'oubliiez pas vos amis, du nombre desquels j'espère que vous me comptez.

5. AU MÊME.

Potsdam, 29 juillet 1755.

Mylord, j'ai reçu votre lettre du 12 de ce mois avec la pièce que vous avez voulu me communiquer. Sans vouloir entrer dans les


a Veuve du baron de Keyserlingk (Césarion), colonel et adjudant général du Roi; elle était morte le 15 février.

b Peut-être Goryn, ou Goring.