<423> philosophes cultivent la sagesse dans le silence de leur obscurité. Cela a toujours été ainsi, et, sans être prophète, je pense qu'après nous ce sera à peu près de même. Je ne vous en dirai pas davantage, parce que le moment approche où j'aurai la satisfaction de vous revoir. Nous avons fait avec l'ennemi une convention pour l'hiver, qui nous procurera quelques mois de tranquillité. Je donne cette lettre à un chasseur qui pourra, si vous le voulez bien, arranger votre voyage. Je vous donne rendez-vous à Leipzig pour le 5 de décembre. Vous partirez et arrangerez votre voyage selon votre commodité. Je m'en fais une vraie fête, et je me réjouis autant de vous revoir que Médor de voir son Angélique. Menez la bonne Babet avec vous, et prenez toutes vos commodités, pour que je puisse jouir tout mon soûl de votre conversation. Adieu, mon cher marquis : je vous embrasse.

283. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, ao février 1763.



Sire,

Mon premier soin, en arrivant à Berlin, doit être de remercier Votre Majesté des bontés dont elle m'a honoré cet hiver à Leipzig. Mais je sais qu'elle hait autant les compliments qu'elle aime à faire le bien; ainsi je ne lui exprimerai que faiblement les sentiments de la respectueuse reconnaissance dont je suis pénétré.

J'ai trouvé la ville de Berlin dans une joie qui ne peut être exprimée, mais qui cependant sera encore augmentée lorsque vous y arriverez. La paix a répandu un air de gaieté sur tous les visages, et vous croirez, lorsque vous reverrez les bons Berlinois, qu'ils sont