<366> braves gens qui volent au secours de l'honnête homme, et se saisissent des larrons. Un des défenseurs du voyageur lui dit : Croyez-moi, tuons vos ennemis. Si nous les laissons aller, avant d'arriver à la fin de votre course vous avez encore une autre forêt à passer, ces gens-là iront de nouveau vous y dresser des embûches. Le voyageur crut le conseil de ceux qui l'avaient garanti; les brigands furent exterminés, et il acheva sa route en sûreté. Ce n'est rien d'avoir culbuté par terre son ennemi, si l'on ne prend des précautions pour qu'il ne puisse plus nous attaquer en se relevant. Je termine ici mon style oriental, et j'ai l'honneur d'être, etc.

248. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Bettlern) 8 juin 1762.

Vous plaisantez, mon cher marquis, dans votre lettre, sur mes courriers. Le malheur est que tout ne va pas aussi vite que je le voudrais. Voilà la paix des Russes qui est, à la vérité, un événement très-avantageux, mais qui m'a dérangé, d'un autre côté, ma négociation à Constantinople. Il faut bien des choses pour mettre tant de têtes sous un bonnet, principalement pour concilier des intérêts aussi différents. On négocie, le temps se passe, et nous ne sortons point d'embarras. Les Tartares marchent ni plus ni moins. C'est toujours cent mille hommes, et il faut espérer que, en les mettant enjeu, les autres suivront.

Votre parabole est admirable; il faut des moyens pour la pratiquer. La grande difficulté est d'abattre cette puissance; le reste sera aisé. On va vite en spéculation, mon cher marquis, et lentement en