<109> aussi grand homme que Pompée veuille m'entendre, et que la goutte m'en empêche; et il fit à Pompée un beau discours sur le mépris de la douleur, en s'écriant quelquefois : O douleur! quoi que tu lasses, tu ne me feras pas avouer que tu sois un mal. J'imite ce philosophe, et je vous réponds, à vous, dont le caractère vaut mieux que ceux de tous les Pompées pris ensemble. Vous voulez savoir mon mal, mon cher : perclus du bras gauche, des deux pieds et du genou droit; ma main droite, le seul membre dont jusqu'à présent j'aie l'usage libre, me sert à vous écrire et à vous prier encore de venir à Glogau. Je me fais porter demain à .....,a qui est à un demi-mille d'ici. Vous tunes, maladies, pertes d'amis, incapacité d'agir lorsque cela serait nécessaire, que cela ne réjouit pas. Vous n'avez rien à craindre; les Russes vont à Posen, et de là à Thorn. Le chemin est sûr par Berlin, Francfort, Crossen, jusqu'ici; ainsi vous pourrez voyager comme en pleine paix. Adieu, mon cher; ma grande faiblesse m'empêche de continuer.

83. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 28 octobre 1759.



Sire,

Je reçois la lettre de Votre Majesté dimanche matin le 28. Je partirai sans faute après-demain le 30, et j'arriverai à Glogau dans le même temps qu'elle y arrivera.b Quelque faible que je sois dans ces temps d'hiver, j'irais à pied au bout du monde pour avoir le plaisir de vous voir. Je crains que vous ne vous fassiez porter trop tôt à


a Köben, dont le nom est omis dans les Œuvres posthumes, t. X, p. 330.

b Le Roi partit de Köben pour Glogau le 1er novembre.