<106> amis en purgatoire, et soyez persuadé de mon amitié et de mon estime. Adieu, marquis.

80. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 20 octobre 1759.



Sire,

Lorsque je loue la conduite de Votre Majesté, la vérité dicte mes discours, et le caractère de courtisan n'y a aucune part. Ainsi vous permettrez que je vous dise encore qu'il n'y a rien de plus beau que votre dernière marche en Silésie; et je suis convaincu que vos ennemis en conviennent eux-mêmes. Je suis bien affligé d'apprendre que vous êtes incommodé, et, si j'ose demander avec la plus grande instance une grâce à V. M., c'est de me tirer de l'inquiétude cruelle où je suis, et de me donner des nouvelles de sa santé. J'espère que vous n'aurez qu'une fluxion; c'est une maladie qu'on prend aisément dans cette saison. J'attends avec impatience de voir votre ouvrage sur Charles XII. Comment pouvez-vous dire que le feu de votre génie s'éteint? Par la manière dont vous vous exprimez, vous montrez qu'il n'a rien perdu ni de sa force, ni de son agrément. Si vous voulez être cru, il faut vous résoudre à ne pas parler et à ne point écrire.

Je reçois votre lettre samedi au soir; je ne pourrai avoir que lundi matin, chez Néaulme, les Révolutions romaines et celles de Suède; je les ferai partir sans faute.

Il me tarde bien que la campagne soit finie, pour avoir le bonheur d'aller me mettre à vos pieds. Je suis inconsolable que vous n'ayez pas voulu que j'allasse à Fiirstenwalde.

J'espère que cet hiver nous donnera la paix. Les Français viennent