100. DU MÊME.

Bologne, 9 novembre 1756.



Sire,

Votre Majesté voudra bien me permettre d'écrire encore un mot après une armée entière prise à discrétion. On n'a jamais entendu parler de pareille entreprise depuis celle de César en Espagne contre Afranius et Petreius. Mais celle de V. M. est bien différente. Il n'avait contre lui que ces messieurs, et V. M. avait les Saxons et les Autrichiens tout ensemble. Vous nous faites perdre, Sire, le goût pour<115> l'histoire ancienne. Caesar in eam spem venerat, se sine pugna et sine vulnere suorum rem conficere posse, quod re frumentaria adversarios interclusisset..... Cur denique fortunam periclitaretur, praesertim cum non minus esset imperatoris, consilio superare quam gladio?115-a Tout cela était fort beau avant la bataille de Lowositz et la capitulation de Königstein. Continuez, Sire, à effacer César et à éclairer le siècle. Je vois déjà la Bohême inondée par vos troupes victorieuses, et vos ennemis forcés à vous demander humblement cette paix que vous leur accordiez si généreusement à la tête de votre armée.


115-a César, De bello civili, liv. I, c. 72.