166. AU MÊME.

Au fier Jordan qui se rebèque
Quand il doit quitter pour un temps
L'appât de sa bibliothèque
Pour d'autres plaisirs moins piquants.
On dirait qu'il part pour la Mecque
Quand de ses savants errements
Il s'éloigne de quelques milles;
Car hors Berlin point d'agréments,
Et dans ces petits nids de villes
Il ne vit que des imbéciles,
Comme moi, votre serviteur,
Et bien d'autres de ma valeur.
Cet appât ne peut faire mordre
La crême, la perle, la fleur
Des savantas du premier ordre
Pour nous honorer de l'honneur
De sa présence tant aimable.
S'il le fait, c'est à contre-cœur,
Et se vouant cent fois au diable.

Envoie-moi, s'il te plaît, Mahomet, que je n'ai ni vu, ni ouï. Tu as raison de croire que je travaille beaucoup; je le fais pour vivre, car rien ne ressemble tant à la mort que l'oisiveté.270-a

Je suis le très-humble serviteur des ...., des Césars,270-b du chevalier<271> Bernin,271-a de M. des Éguilles,271-b et du propriétaire de ces pièces; ainsi, que l'on ne compte pas sur moi pour les vendre. Fais mes plaisanteries au satyre boiteux,271-c mes regrets à Brandt, mes compliments à madame de Katsch,271-d et mes amours à Finette.271-e Au moins, fripon, ne fais pas trop bien le dernier article, car tu sais qu'en cela peu de gens te ressemblent. Adieu.


270-a Voyez, t. X, p. 78, et t. XIV, p. 98.

270-b Didier baron de Keyserlingk, surnommé Césarion par le Roi. Voyez t. X. p. 24.

271-a Le baron de Knobelsdorff, architecte du Roi. Voyez t. XI. p. 227.

271-b Le marquis d'Argens, seigneur des Éguilles, près d'Aix en Provence, établi à Berlin depuis le mois de juillet 1742. Voyez t. X, p. 101.

271-c Le baron de Pöllnitz.

271-d Veuve du ministre d'État de ce nom, et grande gouvernante de la reine Élisabeth-Christine.

271-e Mademoiselle de Tettau. Voyez ci-dessus, p. 240.