53. A M. JORDAN.

(Avril 1741.)

Mon cher Jordan, je te remercie de tes deux lettres, que je viens de recevoir. Je voudrais pour ma consolation que tu me donnasses des nouvelles de ton entière convalescence. Sois tranquille, mon enfant, pour ce qui nous regarde. Nos affaires sont en bon train, et je crois que nous serons dans peu de jours maîtres de Brieg.111-a

L'ami Duhan se porte fort bien, et trotte comme un jeune homme. Nous avons beaucoup de fatigues, que je supporte mieux que je n'aurais dû l'attendre de mon tempérament. Je suis fort occupé à présent à régler les préparatifs du siége. Notre gros canon est arrivé un peu tard, sans quoi la ville serait déjà à nous.

<112>Adieu, cher Jordan. Ménage ton individu pour l'amour de ma monade, et sois persuadé que l'attraction de ton bon cœur opère toujours fortement sur moi en raison inverse du carré des distances. Dieu te bénisse!


111-a Voyez t. II, p. 87.