<I>

AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

Ce second volume de la Correspondance de Frédéric va jusqu'à l'an 1762; il renferme cinq correspondances suivies et quelques lettres isolées, en tout treize groupes, comprenant deux cent quatre-vingt-dix-sept lettres, dont cent quatre-vingt-sept du Roi.

I. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LA MARQUISE DU CHATELET. (26 août 1738-30 mai 1744.)

Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil, femme du marquis du Châtelet-Laumont, lieutenant-général des armées du roi de France, mourut à Lunéville, le 10 septembre 1749, à l'âge de quarante-trois ans et demi.

C'était une personne spirituelle et instruite, qui cultivait les lettres avec succès. On a d'elle une exposition de la philosophie de Leibniz, intitulée Institutions de physique, et adressée à son fils; un opuscule sur la Nature du Jeu, et une traduction des Principes de Newton.

Madame du Châtelet fit la connaissance de Voltaire en 1733, et il s'établit entre eux une intimité qui ne fut interrompue que par la mort. Voyez t. VII,<II> p. 62 et 63, et t. XIV, p. 195. Frédéric entra tout naturellement en relation avec madame du Châtelet; il lui adressa, en 1737, l'Épître A la divine Émilie (t. XIV, p. 29), et entretint avec elle une correspondance dont il existe trente lettres, qui se trouvent dans les Œuvres posthumes de Frédéric II. A Berlin, 1788, t. X, p. 159-196, et t. XII, p. 267-312, savoir, dix lettres de Frédéric, et vingt de madame du Châtelet, que nous réimprimons dans leur ordre naturel.

II. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC M. JORDAN. (Mai 1738 — avril 1745.)

Frédéric ayant écrit lui-même l'Éloge de M. JordanII-a (voyez t. VII, p. 3-10), nous n'avons pas besoin d'entrer dans de plus amples détails à son égard. La correspondance du Roi avec lui a été publiée dans les Œuvres posthumes. A Berlin, 1788; mais l'arrangement en est très-incommode : les lettres en vers et prose de Frédéric se trouvent dans le t. VI, p. 221-328; les lettres en prose, t. VIII, p. 139 à 220; et les réponses de Jordan, t. XII, p. 93-266. Nous faisons de ces trois séries un seul tout, c'est-à-dire que nous mêlons les lettres en vers et prose aux lettres toutes en prose, en faisant suivre immédiatement les réponses de Jordan. Nous avons éliminé l'Épître à Jordan (t. VI, p. 321), qui est purement poétique, et se trouve dans notre t. XIV, p. 55, et trois pièces appartenant aux Mélanges littéraires, t. XV, savoir : 1o la Liste des nouveaux livres, 2o la Prophétie, 3o l'Élégie de la ville de Berlin, adressée au baron de Pöllnitz (Œuvres posthumes, t. VIII, p. 157, 212 et 214). Le fragment imprimé dans les Œuvres posthumes, t. VI, p. 328 et 329, fait partie de la Description poétique d'un voyage à Strasbourg, qui appartient aux Poésies éparses, et a été reproduite en entier dans notre quatorzième volume. Les vers imprimés t. XII, p. 93, forment, dans notre édition, l'appendice de la lettre no 72. Le Supplément, t. III, p. 5, donne la lettre de Frédéric à Jordan, du 4 août 1743, tirée des Œuvres du Philosophe de Sans-<III>Souci, 1750, in-4, t. III, p. 167-169; nous avons inséré cette lettre à la place que sa date lui assigne. Quant aux lettres non datées, nous les avons ordonnées de notre mieux, comme nous l'avons fait pour toute la correspondance.

Outre la Ve Épître familière, A Jordan, Frédéric a admis dans les Œuvres du Philosophe de Sans-Souci deux de ses lettres à Jordan, celles qui commencent par les mots : Hélas! Jordan, lu tremble encore (du 27 juin 1743), t. III, p. 103, et, Lorsque tu parles de canons (du 4 août 1743), t. III, p. 167. C'est pour cela que ces pièces sont imprimées deux fois dans notre édition : t. XI, p. 82 et 133, parmi les poésies, et, dans ce volume, parmi les lettres.

M. Kestner, conseiller des archives à Hanovre, a bien voulu nous communiquer l'autographe de la lettre de Frédéric à Jordan, du 4 août 1743; c'est le seul manuscrit dont nous ayons pu faire usage dans notre réimpression de cette correspondance, qui renferme cent quatre-vingt-quatorze pièces, savoir, cent treize lettres de Frédéric, et quatre-vingt-une de Jordan.

III. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC M. DUHAN DE JANDUN. (20 juin 1727-7 décembre 1745.)

Jacques-Égide Duhan de Jandun naquit le 14 mars 1685, à Jandun, en Champagne. Il fut nommé précepteur du Prince royal le 31 janvier 1716, et mourut à Berlin le 3 janvier 1746. Le Roi a composé en son honneur un Éloge (voyez t. VII, p. 11-14) où l'on peut lire les détails de la vie de cet homme respectable. Les lettres que nous donnons ici sont une exacte réimpression de la Correspondance de Frédéric II avant et après son avènement au trône avec M. Duhan de Jandun. A Berlin, chez Chrétien-Frédéric Voss, libraire, 1791, cent trente-deux pages in-12. M. Formey, éditeur de cette Correspondance, dit, dans l'Introduction, p. 6 : « Les lettres qui composent ce recueil nous ont été remises par M. le capitaine Duhan de Crêvecœur, neveu de M. Duhan de Jandun, qui, après avoir servi vingt-cinq ans dans l'armée prussienne, vient de retourner en France, au sein de sa famille, en Champagne, où il a encore madame sa mère et plusieurs frères et sœurs. Cet estimable officier nous a confié avant son départ,<IV> sous la condition expresse de la restitution des originaux, ce dépôt, que nous lui avons promis de publier de la manière la plus propre à en faire connaître le prix. »

La direction de la bibliothèque de l'Ermitage impérial de Saint-Pétersbourg a bien voulu nous communiquer une copie des vers qui font partie de la lettre no 8 de notre édition. Le texte de cette copie, de la main du baron de Keyserlingk, est conforme au nôtre, à quelques légères variantes près.

La correspondance avec Duhan renferme vingt-sept lettres, dont vingt-cinq de Frédéric et deux de M. Duhan, plus, une lettre de Frédéric à la mère et une à la sœur de son ancien précepteur.

IV. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC MAURICE DE SAXE. (Octobre 1745-1749.)

Le comte Maurice de Saxe, né à Goslar le 28 octobre 1696, et nommé maréchal de France en 1743, mourut à Chambord sur la Loire, le 30 novembre 1750. Frédéric, qui avait fait sa connaissance à Berlin, au mois de mai 1728, l'avait revu au camp de Mühlberg, en 1730, et en Moravie, pendant la campagne de 1742. Le 15 juillet 1749, Maurice vint à Potsdam rendre ses devoirs au Roi, qui, grand admirateur de ses rares talents militaires, le combla des témoignages de son estime.

Le baron d'Espagnac dit dans son Histoire de Maurice comte de Saxe. A Lausanne et Neufchâtel, 1774, t. II, p. 515 : « Il avait eu l'honneur, pendant ses dernières campagnes de Flandre, d'être en correspondance avec le roi de Prusse; il est fâcheux pour son éloge que les lettres de ce prince, que l'auteur a lues, n'aient pas été rendues publiques. »IV-a Nous partageons ces regrets, ne pouvant donner que deux lettres de Frédéric et cinq du maréchal de Saxe. Quant à celles-ci, nous en avons copié deux, celles du 20 mai et du 18 juillet 1746, sur les ori<V>ginaux; nous avons tiré les trois autres des Lettres et mémoires choisis parmi les papiers originaux du maréchal de Saxe. A Paris, 1794, t. I, p. 299 et 306, et t. III, p. 181. La lettre de Frédéric au comte Maurice, du 3 novembre 1746, qui se trouve dans le même ouvrage, t. III, p. 240-242, y est datée, mais par erreur, du 3 octobre 1746; la vraie date se trouve dans les lettres reproduites parmi les Œuvres diverses du Philosophe de Sans-Souci, 1761, t. III, p. 78 et 79, et dans la Correspondance littéraire de Grimm et Diderot. A Paris, 1813. Première partie, t. II, p. 375. C'est à cette dernière source que nous avons puisé notre texte. Pour la lettre que Frédéric écrivit à Maurice de Saxe en 1749, nous l'avons trouvée dans les Conseils du trône, donnés par Frédéric II, dit le Grand, aux rois et aux peuples de l'Europe. Publiés par P.-R. Auguis. Paris, 1823, p. 469 et 470.

Le marquis d'Argens, se rendant à Paris au mois de juin 1747, fut chargé par le Roi d'une lettre qu'il devait remettre lui-même au maréchal de Saxe. Huit jours après la victoire de Laeffelt,V-a qui fut remportée par Maurice le 2 juillet de la même année, Frédéric écrivit de Stettin à d'Argens : « J'ai tressailli de joie en apprenant la victoire que le comte de Saxe vient de remporter. Il faut avouer que M. de CumberlandV-b est une grande pécore et quelque chose de plus. ... Point de repos, d'Argens, point de repos. Voyagez, et, passant par monts et par vaux, hâtez-vous d'arriver chez l'Achille français et de lui rendre la lettre dont vous êtes chargé. » Cette lettre s'est perdue. La réponse du maréchal de Saxe, datée du camp de la Commanderie, le 20 juillet 1747, et imprimée dans l'ouvrage du baron d'Espagnac, t. II, p. 348-363, est un morceau précieux sur les opérations de l'armée française et de l'armée alliée, depuis le commencement de la campagne de 1747 jusqu'à l'ouverture de la tranchée devant Bergen-op-Zoom. Mais comme cette pièce porte plutôt le caractère d'un simple rapport militaire que celui d'une lettre amicale, nous n'avons pas cru devoir la réimprimer ici.

Il existe aux archives du grand état-major de l'armée, à Berlin, un volume manuscrit, marqué Litt. D. no 41, et intitulé : Der Feldzug des Marschalls von Sachsen in Flandern, 1746, nebst dessen Briefen an Friedrich II; il contient les bulletins, les journaux circonstanciés, les ordres de bataille, les plans de cette campagne, et quatre lettres du maréchal de Saxe, qui accompagnaient ces pièces militaires. Ces quatre lettres, datées du camp de Bouchaut, mai 1746 et le<VI> 20 mai 1746, du camp de Lier, le 18 juillet 1746, et du camp de Tongres, le 14 octobre 1746, sont toutes de la main d'un secrétaire, et la signature seule (Maurice de Saxe ou M. de Saxe) est de la main du maréchal. Nous ne reproduisons que la seconde et la troisième de ces lettres, la première et la quatrième étant purement militaires.

Il est souvent fait mention du maréchal de Saxe dans les Œuvres de Frédéric, p. e. t. I, p. 180; t. II, p. 107, 121 et 122; t. III, p. 111; t. IX, p. 167; t. X, p. 226; et t. XI, p. 18 et 159.

V. LETTRES DE FRÉDÉRIC AU MARQUIS DE VALORI. (27 mars 1750-28 décembre 1751.)

Le général marquis de Valori, ambassadeur de France à Berlin du mois de septembre 1739 au mois d'avril 1750, et du mois de mars 1756 au 19 octobre de la même année, était du nombre de ces diplomates étrangers que Frédéric honorait de sa faveur particulière, et qui, de leur côté, lui avaient voué un sincère attachement. On trouve d'amples détails sur les relations amicales du Roi avec M. de Valori dans les Mémoires des négociations du marquis de Valori, ambassadeur de France à la cour de Berlin, accompagnés d'un recueil de lettres de Frédéric le Grand, etc. A Paris, 1820, deux volumes gr. in-8. Ce recueil (t. II, p. 217 et suiv.), formé de pièces officielles et de lettres d'affaires, ne porte pas le caractère d'une correspondance familière. C'est toujours le monarque qui écrit avec une circonspection toute diplomatique, quoiqu'il exprime souvent sa satisfaction et ses sentiments affectueux par des compliments et par des post-scriptum badins. Aussi n'avons-nous pu tirer des Mémoires ci-dessus mentionnés que trois lettres, remarquables plutôt par certains traits particuliers que par le ton propre à une correspondance intime.

Le marquis Guy-Louis-Henri de Valori naquit à Menin, paroisse de Saint-Waast, le 12 octobre 1692; il mourut à Bourgneuf le 19 octobre 1774.

<VII>

VI. LETTRES DE FRÉDÉRIC AU COMTE DE GOTTER. (14 novembre 1742-6 janvier 1753.)

Gustave-Adolphe de Gotter, né à Gotha le 26 mars 1692, fut créé baron par brevet impérial du 6 août 1724, et entra au service de la Prusse en 1725. En 1728, il fut nommé ministre d'État, et en 1732 ministre plénipotentiaire à la cour de Vienne. Le 17 septembre 1740, il devint grand maréchal de la cour du Roi, et le 29 octobre de la même année, Frédéric le fit comte. En 1744, il devint un des quatre curateurs de l'Académie des sciences; en 1753, enfin, grand-maître des postes et vice-président du directoire général de la guerre et des finances. Il mourut à Berlin le 28 mai 1762. Madame de Schelling, femme du célèbre philosophe de ce nom et fille du poëte Gotter, qui lui-même était petit-neveu du comte de Gotter, a bien voulu nous communiquer les soixante-deux lettres de Frédéric au comte (du 6 octobre 1732 au 6 janvier 1753) qu'elle possède, et qui montrent que le Roi rechercha toujours avec empressement la société de cet homme distingué et sa conversation, qui était fort agréable. Néanmoins les lettres de Frédéric au comte de Gotter ressemblent beaucoup à ses lettres au feld-maréchal Keith, à Maupertuis, au baron de Pöllnitz, au comte de Hoditz, au général Antoine de Krockow, etc., dont la conversation était également un des besoins de sa vie; on n'y trouve pas l'expansion qui distingue ses correspondances avec Suhm, Camas, Jordan, avec le marquis d'Argens, Fouqué, Voltaire et d'Alembert, correspondances où il ouvre son cœur sans réserve. Toutes les lettres en français adressées par le Roi au comte de Gotter, et dont nous avons choisi dix-neuf, ont été écrites par un conseiller de Cabinet, et se terminent, pour la plupart, par la formule : « Sur ce, je prie Dieu, » etc. Frédéric, en les signant, a ajouté à quelques-unes d'entre elles des post-scriptum de sa main.

Du reste, nous renvoyons le lecteur au t. II, p. 64 et 70, où le Roi parle de la mission diplomatique du comte de Gotter à Vienne, en décembre 1740, et au t. X, p. 113-124, Épître au comte Gotter. Combien de travaux il faut pour satisfaire des épicuriens. Dans sa lettre au marquis d'Argens, du 29 avril 1762, le Roi exprime l'affliction que lui fait éprouver la mort prochaine du comte de Gotter.

<VIII>

VII. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC MAUPERTUIS. (20 juin 1738-19 novembre 1755.)

Frédéric parle très-souvent de Maupertuis dans ses Œuvres, et il lui a dédié plusieurs poésies. Voyez t. II, p. 39; t. III, p. 28; t. VII, p. 35 et 64; t. X, p. 43, 75, 125 et 255; et t. XI, p. 45, 56 et 86. Le 27 juin 1740, il écrivait à Voltaire : « J'ai fait l'acquisition de Wolff, de Maupertuis, d'Algarotti. » Le 29 août suivant, il fit à Wésel la connaissance personnelle du savant français. Dès lors le Roi distingua Maupertuis de toute manière; il le fit venir en Silésie pour l'avoir auprès de lui pendant la campagne, et même à la bataille de Mollwitz;VIII-a il le nomma président de l'Académie le 1er février 1746, le décora de l'ordre pour le mérite le 10 avril 1747, et se montra très-satisfait de son mariage avec la fille du ministre d'État de Borcke, mariage qui eut lieu le 28 octobre 1745. Enfin, dans la fameuse querelle littéraire que le professeur König eut avec Maupertuis, Frédéric écrivit pour celui-ci contre Voltaire, en 1752, la Lettre d'un académicien de Berlin à un académicien de Paris (t. XV, p. 61-67).

Il est assez singulier cependant que le Roi n'ait pas eu avec Maupertuis de correspondance véritablement amicale, familière ou littéraire; la plupart des lettres que nous avons lues se rapportent à l'administration de l'Académie ou à d'autres affaires semblables, et n'abordent jamais les sujets qui pourraient offrir un intérêt plus général. C'est pour cela que nous n'avons pu choisir, dans la collection de soixante-neuf pièces originales que M. Heberle, libraire à Cologne, nous a offerte en 1845, que les quatre lettres du 20 juin 1738, du 3 janvier 1749, du 16 août 1751 et du 19 novembre 1755, écrites par un secrétaire et signées par le Roi. Quant aux dix-neuf lettres de Maupertuis au Roi qui sont conservées aux archives royales, à Berlin, Frédéric n'y a pas répondu lui-même, mais il y a fait répondre par ses secrétaires, qui notaient au crayon sur la lettre même le peu de mots que le Roi leur avait dictés comme l'expression de sa volonté. De là vient que nous n'avons emprunté aux archives que la lettre de Maupertuis au Roi, du 15 janvier 1746. La lettre du Roi, du mois de juin 1740,VIII-b a été imprimée dans le Supplément, t. III, p. 30. Celle de Maupertuis, du 22 juillet 1748, est tirée<IX>de l'ouvrage de M. König qui parut sous le voile de l'anonyme et qui est intitulé : Versuch einer historischen Schilderung der Residenzstadt Berlin, t. V, partie II, p. 184.

Pierre-Louis Moreau de Maupertuis naquit à Saint-Malo le 17 juillet 1698, et mourut à Bâle le 27 juillet 1759.

VIII. LETTRE DE FRÉDÉRIC A MADAME THÉRÈSE. (Octobre 1757.)

Nous avons trouvé cette spirituelle lettre dans la Gazette de France du 11 juillet 1811, no 190, mais nous n'avons pu découvrir quelle est la personne que le Roi désigne par le nom de madame Thérèse. Frédéric eut son quartier général à Eckartsberga le 12 octobre 1757, le 13 à Naumbourg, le 14 à Weissenfels, le 15 à Leipzig; ainsi la vraie date de cette lettre doit être le 13 ou le 14 octobre 1757. Vers ce même temps, le Roi, comme il le dit lui-même, t. IV, p. 164 et 160, employait tous les moyens possibles pour améliorer l'état de ses affaires, et il fit faire au maréchal duc de Richelieu des propositions pour ramener la cour de Versailles à des sentiments plus pacifiques. Peut-être la femme qu'il désigne sous le nom de madame Thérèse était-elle une personne influente dans les hautes régions de la politique et de la diplomatie.

IX. LETTRE DE FRÉDÉRIC A M. LICHTWER. (2 mars 1758.)

Magnus-Gottfried Lichtwer, né à Wurzen, en Saxe, le 30 janvier 1719, et conseiller de régence à Halberstadt, y mourut le 7 juillet 1783. Ce célèbre auteur de fables et de contes en vers avait dédié à Frédéric son poëme Das Recht der Vernunft, in fünf Büchern. L'ode qui en forme la dédicace est datée du 24 janvier 1758. La réponse du Roi, que nous donnons, a été publiée par Frédéric-Guillaume Eichholz dans son ouvrage : Magnus Gottfr. Lichtwer's Leben und Verdienste, Halberstadt, 1784, p. 140.

<X>

X. LETTRES DE FRÉDÉRIC AU FELD-MARÉCHAL DE KALCKSTEIN. (Juin 1747 et 21 juin 1708.)

Le colonel Christophe-Guillaume de Kalckstein, né dans la province de Prusse en 1682, fut second gouverneur militaire de Frédéric du 13 août 1718 au 28 mars 1729. Il devint feld-maréchal le 24 mai 1747. Nous devons à l'obligeance de M. le major Adolphe de Meyerinck la lettre de 1747, qui est de la main du Roi, et la lettre qui y est annexée et qui est adressée au fils du feld-maréchal; celle-ci a été écrite par un secrétaire et signée par Frédéric. Quant à la lettre de l'année 1708, nous l'avons tirée de l'ouvrage allemand de Frédéric Cramer : Zur Geschichte Friedrich Wilhelms I. und Friedrichs II. Könige von Preussen. Dritte Auflage. Leipzig, 1835, p. 151 et 152. Voyez t. II, p. 78 et 145, et t. III, p. 117.

XI. LETTRE DE FRÉDÉRIC A M. SULZER. (Juin 1761.)

M. Sulzer, professeur à Berlin, avait recueilli, au moyen d'une collecte faite dans la capitale, une certaine somme d'argent pour faire graver par Nils Georgi et frapper une médaille en l'honneur de la glorieuse défense de la forteresse de Colberg contre les Russes par le commandant von der Heyde (t. V, p. 89). Il en instruisit le Roi, qui souscrivit aussi, et lui fit, au mois de juin 1761, la réponse que nous donnons, et que nous avons tirée de l'ouvrage allemand intitulé : Hirzel an Gleim über Sulzer den Weltweisen. Zürich et Winterthur, 1779, IIe partie, p. 21-23, et 38.

Jean-George Sulzer, né à Winterthur le 5 ou le 16 octobre 1720, mourut à Berlin le 25 février 1779. Il était très-estimé du Roi, qui eut avec lui, le 31 décembre 1777, une conversation fort curieuse, qu'on trouve dans Sulzers Lebensbeschreibung, von ihm selbst aufgesetzt, Berlin, 1809, p. 61-67. Voyez aussi les Anekdoten von König Friedrich II, publiées par Frédéric Nicolaï, cahier II, p. 136-140, et cahier III, p. 274. Il ne sera pas hors de propos de dire ici que,<XI> le 24 avril 1785, Frédéric approuva l'idée de Moïse Mendelssohn et de M. Müchler, de consacrer un monument commun à Leibniz, à Lambert et à Sulzer, c'est-à-dire une pyramide avec les portraits de ces trois philosophes en médaillon. Elle devait être érigée sur la place qui sépare la bibliothèque royale de l'Opéra. L'argent recueilli ne suffisant pas pour exécuter l'idée des entrepreneurs, ce projet fut abandonné. Voyez les Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, 1785, no73, p. 538.

XII. LETTRE DE FRÉDÉRIC AU BARON DE SCHÖNAICH. (24. septembre 1761.)

Christophe-Othon baron de Schönaich, né à Amtitz, en Lusace, le 12 juin 1725, y mourut le 15 novembre 1807. Il était lieutenant de cuirassiers en Saxe lorsqu'il publia son épopée de Hermann, oder das befreite Deutschland, 1751, que Gottsched a célébrée comme un chef-d'œuvre digne d'être placé à côté de l'Iliade et de l'Énéide. Gottsched appela aussi l'attention de Voltaire sur M. de Schönaich, comme on peut le voir par deux lettres de Voltaire, l'une à Gottsched, et l'autre au baron de Schönaich lui-même. Elles sont toutes deux du mois d'avril 1753, et font partie de la correspondance de Voltaire.XI-a Le baron de Schönaich avait envoyé à Frédéric, en 1761, son ouvrage allemand : Oden, Satiren, Briefe und Nachahmungen. Le Roi reçut cette collection dans les temps les plus difficiles de la guerre de sept ans, au camp de Bunzelwitz, et le 24 septembre il fit au poëte allemand la réponse que nous reproduisons, et que nous tirons du journal de Gottsched, Das Neueste aus der anmuthigen Gelehrsamkeit, Leipzig, 1761, t. II, p. 780. Quelque insignifiant que soit le contenu de cette lettre, nous avons cru devoir la réimprimer, aussi bien que la lettre de Frédéric à Lichtwer, parce que nous n'avons que peu de documents sur les relations du Roi avec les hommes de lettres allemands ses contemporains. Frédéric ne fait mention ni de Lichtwer ni du baron de Schönaich dans son traité De la littérature allemande.

<XII>

XIII. LETTRE DE FRÉDÉRIC A M. ANDRÉ DE GUDOWITSCH. (22 mai 1762.)

Frédéric raconte avec satisfaction, dans son Histoire de la guerre de sept ans (t. V, p. 175), et dans une lettre au marquis d'Argens,XII-a que le colonel russe de Gudowitsch lui apporta (le 20 février 1762) à Breslau, où était son quartier général, des assurances d'estime et d'amitié de la part de l'empereur Pierre III, et que lui, le Roi, s'ouvrit cordialement à ce favori de l'Empereur, pour ramener la bonne intelligence entre les deux cours par une paix solide et une parfaite union. Les suites de cette mission furent des plus heureuses, car la paix fut conclue à Saint-Pétersbourg le 5 mai 1762. Cette paix rétablit les affaires du Roi, ce qui explique les expressions de vive reconnaissance que contiennent la lettre et le post-scriptum adressés au brigadier de Gudowitsch, du quartier général de Bettlern, le 22 mai 1762. Nous avons tiré cette lettre du Urkundenbuch zu der Lebensgeschichte Friedrichs des Grossen, par J.-D.-E. Preuss, t. II, p. 136 et 137, où elle avait été publiée pour la première fois, d'après le manuscrit original.

Outre la Table des matières, nous ajoutons à ce volume une Table chronologique générale des lettres contenues dans les treize groupes dont nous venons de faire l'énumération.

Berlin, le 1er août 1850.

J.-D.-E. Preuss,
Historiographe de Brandebourg.


II-a Frédéric dit dans son Éloge de Jordan : « Monseigneur le Prince royal l'appela à son service au mois de septembre 1736; » et dans sa lettre à Suhm, du 15 août 1736 : « Gresset vient chez moi, et avec lui l'abbé Jordan, etc. » Ce fut dans cette visite que Frédéric, qui voulait lire la Morale de Wolff en français, chargea M. Jordan d'en faire la traduction. Celui-ci se mit tout de suite à l'œuvre. Voyez t. XVI, p. 303 et 304, et la lettre de Frédéric à Voltaire, du 8 février 1737.

IV-a La dernière phrase de ce passage a été modifiée comme suit dans la seconde édition de l'Histoire de Maurice comte de Saxe. A Paris, 1775, in-4, t. II, p. 488 : « Il est fâcheux pour l'instruction des militaires que les lettres de ce monarque n'aient pas été rendues publiques. »

V-a Voyez t. IV, p. 13 et 14.

V-b Voyez t. XIV, p. 296 et 297.

VIII-a Voyez ci-dessous, p. 73, 79, 86, 97, 99, 103, 109, 118 et 119.

VIII-b Voyez la lettre de Voltaire à Frédéric, du Ier septembre 1740.

XI-a Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. LVI, p. 295 et 298.

XII-a Cette lettre, sans date, est la réponse à la lettre du marquis d'Argens, du 16 février 1762.