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28. DE M. JORDAN.

Berlin, la troisième fête de Noël 1740.



Sire,

J'ai reçu deux pièces du camp, écrites avec beaucoup d'esprit, et d'une plaisanterie très-fine.a Il est facile d'en reconnaître l'auteur; d'ailleurs on y cite un passage qu'on dit être du roi Salomon, et qui ne se trouve pas à coup sûr dans les livres qui nous en sont restés. Je suis trop zélé partisan d'Horace pour ne pas revendiquer cette réflexion, qui lui appartient. Mais Horace ne vaut-il pas Salomon pour l'auteur de l'ingénieuse, mais mordante satire?

Voici de très-mauvais et impertinents vers venus de Hollande, et envoyés ici à nos libraires. J'ai cru devoir les envoyer à V. M.

Une nouvelle généralement ici répandue, c'est que V. M. allant de Schweidnitz à Liegnitz, un archiprêtre avait publiquement exhorté ses chères ouailles à recevoir les troupes prussiennes avec tous les égards qu'elles méritent, et à les assister en tout ce qu'elles pourront. Cette action ne me paraît pas marquée au coin d'un zèle catholique.

Les gazettes, et par conséquent le public, assurent que M. le comte de Rottembourg est envoyé à Berlin de la part de la cour de France pour y négocier une affaire de la dernière importance.

Ce qu'on affirme avec une certitude opiniâtre, c'est que V. M. doit s'aboucher avec le grand-duc de Lorraine, et, les affaires terminées, aller passer avec ce prince le carnaval à Venise.

J'ai l'honneur d'être avec tout le respect possible, etc.


a Voyez t. XV, Avertissement, nos XXVI et XXVII, et p. 205, 206 et 207.