<375>sidé, dans l'Académie des sciences, des ducs et des ministres; mais en France, le goût de la nation pour les sciences, et peut-être une espèce de fortune, m'avaient donné une certaine considération qu'il est impossible que je trouve ici, si vous ne me la donnez. Les sciences y sont dans un affaissement et un état d'humilité marqués par le règlement même de l'Académie; on peut y dire jusqu'ici ce que Fontenelle a dit des temps gothiques de la France, où il n'était pas encore décidé si les sciences ne dérogeaient point. Je sens, Sire, que, tandis que je vous parle pour les sciences, il semble que je parle aussi pour moi; je ne vous cacherai pas même le degré d'ambition que je joins au bien de votre service. Je vous demanderai tout ce qui pourra me donner la considération et le crédit nécessaires pour le bien de l'Académie, et pour remplir avec honneur une place qui doit être honorable sous le règne d'Auguste.

Mais, s'il est permis de mettre des restrictions à vos grâces et des limites aux fonctions qui regardent votre service, j'oserai prier V. M. de me dispenser d'une partie d'administration dont, étant étranger ici, je craindrais de ne pouvoir pas bien m'acquitter : c'est celle des deniers de l'Académie, à laquelle je voudrais bien n'avoir aucune part.

Je suis avec le plus profond respect,



Sire,

de Votre Majesté
le très-humble et très-obéissant serviteur,
Maupertuis.