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185. DE M. JORDAN.

Berlin, 3 septembre 1744.



Sire,

La lettre dont il a plu à Votre Majesté de m'honorer a été un puissant lénitif à mon mal, qui ne m'a point encore quitté. Je bénis le ciel de voir toutes les circonstances favoriser les desseins de V. M. La défaite du prince Charles a répandu une grande joie dans la ville, et soutient l'espérance des âmes timides.a

Que cet atome dont parle si modestement V. M. fait de fracas dans le monde! C'est une monade qui forme de grands projets, qui sait surmonter les difficultés qui se présentent, et qui vise toujours au grand.

Je suis impatient d'apprendre le sort de la ville de Prague. Tout retentit ici du combat avec les hussards de Festetitz, et de la prise de Königingrätz.

Dieu veuille seulement, au milieu de ce brillant appareil de gloire, conserver la santé de V. M., dont l'Empereur et les États de Brandebourg et de Prusse ont besoin! Je crains autant cet amour excessif de la gloire qu'un amant passionné les charmes vainqueurs de sa maîtresse.

On dit ici à l'oreille que la reine de Hongrie est brouillée plus que jamais avec la cour de Russie, nouveau sujet de joie pour le pauvre philosophe malade.

J'ai l'honneur d'être, etc.


a Voyez t. III, p. 61.