<99>Don Silva a perdu soixante-dix écus, dont il a pensé se pendre. Sa reine a été à Vieux-Ruppin, d'où elle a été obligée de se retourner, à cause qu'elle avait pris ses ordinaires.

Le Gouverneur fait travailler à force de bras à meubler son palais et à lui donner une figure martiale, pour recevoir le souverain.

Un carrosse est arrivé, il y a quelques jours, à un village voisin, où deux cavaliers, que l'on a pris pour des officiers, ont enlevé la sage-femme, qu'ils ont emmenée, de nuit, à un endroit que personne ne connaît, où elle a été obligée d'accoucher une jeune personne qui a eu l'air d'être de qualité; après quoi elle a été ramenée chez elle et gratifiée de dix écus.

44. AU MÊME.

24 avril 1733.

L'on a très-bien reçu la lettre du cher Cassubien, et on le remercie beaucoup de toutes les attentions qu'il témoigne à son fidèle Gouverneur. L'on connaît tous les désagréments qui se rencontrent à la cour, et j'y ai séjourné assez longtemps pour en avoir une légère idée. Pour ce qui vous regarde, cher Cassubien, il faut que vous vous consoliez de savoir qu'il faut que certaines gens se sacrifient pour la patrie, et qu'ils oublient, pour ainsi dire, femme, santé et enfants pour le bien public. Jusqu'à présent, vous vous êtes si dignement acquitté de ce caractère, que ce serait une perte générale que celle de votre abdication.

La description de la malheureuse chasse de Potsdam est charmante, mais j'avoue qu'elle plaît mieux sur le papier qu'en nature. Si le peu d'esprit que le général Blanckensee a l'avait quitté, je crois qu'il n'y paraîtrait pas, car il en a si peu à présent, que je crois qu'entre son âme et celle des bêtes la différence n'est pas grande. Je