<69> ne serai pas ingrat, me sentant déjà avec une vive reconnaissance et une parfaite estime, etc.

Frederic.

Le proverbe dit qu'aucun Allemand n'écrit sans apostille; je ne démens donc pas non plus ma nation, et ayant oublié de parler de la lettre de R., je vous dirai que je la trouve excellente, d'autant plus que l'expédient est bon.

18. AU MÊME.

29 septembre 1732.



Mon très-cher ami,

Je vous écris pour me délasser des sottes lettres que j'ai été obligé d'écrire, vous comprenez bien où, et j'ai été fort surpris que mes compliments fassent plus d'effet sur les esprits que les autres, car pour un compliment que la civilité m'obligeait de faire, vous allez voir par l'incluse quelle foi l'on y ajoute. Je crois que c'est pour me faire accroire que je suis éloquent; j'avoue que ce n'était pas tout à fait mon dessein de l'être dans cette occasion; mais comme l'on se flatte volontiers de ce que l'on souhaite, M. le duc me fait des remercîments comme si j'étais l'homme du monde le plus épris des charmes de sa fille, il me fait son panégyrique pour ajouter à la haute estime que j'ai déjà d'elle, et il me fait les honneurs de son cœur, comme d'un cabaret. Tout ce que je viens de dire a fait tant d'effet sur moi, que, lui souhaitant le suprême bonheur, je fais des vœux du ibnd de mon cœur que l'empereur de Maroc devienne amoureux par réputation des beautés de cette princesse, et qu'il l'enlève et l'épouse. Impératrice de Maroc vaut de deux degrés une princesse royale de Prusse.