<141> la permission à mon enseigne Plötz d'oser acheter quelques grands hommes des troupes françaises. Je voudrais qu'on en agît plus catégoriquement que l'on n'a fait par le passé, les belles promesses de M. de La Chétardie m'ayant coûté un argent infini, et n'ayant été que de la fumée. Je vous prie, mon cher, de lui expliquer un peu cette matière, vous priant de m'en écrire la réponse, ne croyant pas que le Roi ira sitôt à Berlin. Adieu; je suis tout à vous.

Frederic.

4. AU MÊME.

Au camp de Heidelberg, du côté de Weiblingen, 11 septembre 1734.



Mon cher Camas,

Malgré les occupations que l'occasion présente de la campagne m'a données, je ne vous ai jamais oublié, mon cher Camas; c'est pour vous reprocher le tort que vous me faites que je vous écris à présent. Non, bien loin de vous avoir oublié, j'ai bien pensé à vous; je me donne toutes les peines du monde pour vous faire avoir quelques recrues d'ici; je ne promets rien, mais j'espère pourtant de pouvoir vous en faire tenir une ou deux dans votre premier rang. Voyez, après cela, si vous n'êtes pas trop léger dans vos accusations et trop peu persuadé de la sincérité de vos amis, ne vous fiant plus à eux dès qu'ils sont séparés de vous. Le reste de votre lettre, cher Camas, ressemble un peu à un panégyrique; vous flattez trop le portrait que vous faites de ma personne, vous lui faites perdre toute ressemblance. Je me rends assez de justice pour passer ma personne par une exacte critique et pour bien connaître mes propres défauts; quoique je n'y aie pas réussi autant que je le souhaite, cependant, mon cher, cela me