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CONTE. LES AMOURS D'UNE HOLLANDAISE ET D'UN SUISSE, PAR CORRESPONDANCE.

Dans ces beaux jours où renaît la nature,
Où l'air pesant de ses frimas s'épure,
On voit éclore et fleurs et papillons.
Il naît aussi des Amours par millions;
Les uns sont gais, libertins et volages,
Les autres sont rêveurs et sérieux;
Ceux-ci hautains et tant soit peu sauvages,
Ceux-là plus vifs, ardents, impétueux,
Tracassiers, changeants, capricieux.
Mais en faisant ces divers personnages,
Dans leurs esprits ils ont mêmes travers.
Défiez-vous de leurs doux gazouillages,
De leurs transports, de leurs serments légers
Que les zéphyrs emportent dans les airs;
Retenez bien, si vous m'en voulez croire,
Ce conte-ci, recueilli de mon temps
Dans les replis secrets de ma mémoire.
Or, cet Amour dont je vous fais l'histoire,
Vers le début de ce présent printemps,